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LES
INSTITUTIONS MILITAIRES
ET LES ARMÉES

III.[1]
L’ÉDUCATION ET LA DISCIPLINE.


I. — L’EDUCATION DE L’ARMEE.

Pour bien saisir le but et comprendre l’importance du sujet que je vais traiter, il faut avoir une idée générale de ce qu’a été dans l’armée française, depuis la fin du siècle dernier jusqu’au temps présent, en vertu d’une tradition et de règles demeurées invariables, l’éducation du soldat.

Les jeunes gens désignés par le sort qui, n’ayant pu payer le prix du remplacement ou de l’exonération, étaient appelés sous le drapeau passaient sans transition, la plupart de la vie des champs, quelques-uns des travaux de l’atelier, à l’existence du régiment, pleine de contrastes avec celle qu’ils venaient de quitter. Inquiets de leur nouvelle destinée, craintifs, malléables pour ainsi dire, ils étaient prêts à toutes les soumissions et pour toutes les leçons. Quelles leçons recevaient-ils? Je vais le dire très succinctement en prenant l’exemple le plus simple, qui est celui de l’infanterie. « On leur distribuait l’habillement, le linge et la chaussure, les divers objets d’équipement, etc. On leur apprenait l’usage quotidien, la disposition méthodique, sur la planche[2] et dans le havre-sac, de ce matériel du

  1. Voyez la Revue du 1er janvier et du 1er février.
  2. Les divers effets du soldat d’infanterie sont disposés méthodiquement sur une planche au-dessus de son lit, quand ils ne le sont pas dans le havre-sac en route ou pour un service commandé. Son pain est sur la planche à côte des effets. C’est de là que vient l’adage populaire : « avoir du pain sur la planche. »