Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 29.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dire, auquel la plupart des pages de cette étude exhortent notre armée. Par un exemple, entre beaucoup d’autres que j’ai cent fois expérimentés, je montre que la théorie et le principe ne sont à aucun degré en opposition : « Une compagnie d’infanterie est réunie pour les exercices de gymnastique. Il s’agit de courses de vitesse. La première est presque toujours menée vivement, parce qu’elle est dans la nouveauté. La seconde est froide. La troisième est ennuyée. Le colonel qui passe s’arrête aux coureurs, et sa présence leur est un premier stimulant. Il annonce la prime, — un cigare par exemple, — aux premiers arrivés. A l’instant, l’exercice devient un concours qui a des règles et qui a des juges. Les hommes se raniment, et on les voit préparant leurs facultés. Au signal, ils partent comme une trombe et, dans un entrain indescriptible, ils se précipitent vers le but. »

Je dis d’abord que le colonel qui comprend ainsi l’émulation et l’introduit partout est un maître colonel dont le commandement portera le ressort régimentaire à son plus haut point d’énergie, et dont l’autorité morale, s’il a par surcroît l’esprit de justice et la fermeté, sera sans limites. Je dis ensuite que par cet exemple qui comprend et qui explique tous les autres, j’ai prouvé que ma théorie de l’effort primé est aussi innocente qu’elle est efficace. J’y ai une telle confiance que j’exprime ici formellement l’opinion que le fonds dont l’administration des corps de troupes dispose sous le nom de « masse générale d’entretien » devrait être annuellement doté d’une somme spécialement affectée au service des achats pour les travaux primés. Ce serait, entre toutes, une dépense productive et elle n’accablerait pas le budget de la guerre, car le nombre et la variété des primes d’une autre nature applicables à l’encouragement des bons travailleurs est à l’infini. Il y a les primes honorifiques consistant en témoignages publics de satisfaction, simplement et sobrement donnée. Il y a les permissions du soir, de la journée, de vingt-quatre heures, de quatre et de huit jours, de quinze jours (avec l’attache de l’autorité supérieure), et enfin les congés (toutes absences qui seront au profit de la famille aussi bien que du soldat, quand, avenir désirable et, je le crois, inévitable, la région des corps d’armée sera devenue la région de leur recrutement). Il y a toute l’échelle des exemptions d’exercice, de théorie dans les chambres, de corvée, etc.; enfin toutes les grandes, moyennes et menues faveurs dont l’autorité militaire peut faire bénéficier les hommes de troupes qui les ont méritées.


Je fais ici un rapprochement, — non pas une comparaison, — qui doit frapper l’esprit des incrédules. Je les invite à visiter dans