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LE JAPON LITTÉRAIRE


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I. — Atsume-gusa ; Ban-sai-zau. Genève, 1817, Turrettini. — II. — Asiatic society of Japan. Transactions. — III. — Tales of old Japan. Mitford. — IV. — Ernest Satow. Litterature of Japan. American Cyclopædia.


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Après avoir parcouru le cercle d’activité dans lequel se meut une nation, interrogé son histoire, sa religion, ses arts, ses lois, sa constitution politique et sociale, c’est encore à la littérature qu’on vient en dernière analyse demander la confirmation ou le redressement des jugemens qu’on a portés sur son compte. De tous les instrumens d’observation qui peuvent servir à mesurer la valeur d’une race disparue ou lointaine, le meilleur, le plus précis et surtout le plus aisé à consulter, c’est l’œuvre intellectuelle qui s’est, au cours des siècles, élaborée dans son sein. Il faut, à la vérité, pour s’en servir utilement, tenir compte des différences de milieu, des degrés divers de culture et de maturité des peuples qu’il s’agit de classer. Il ne suffit pas d’étudier les œuvres en elles-mêmes ; il en faut analyser le sens psychologique, remonter de la pensée exprimée au sentiment qui l’a dictée ; reconstituer avec les chants d’un poète la structure de caractère et d’esprit de toute sa génération ; apercevoir les hommes vivans sous les lignes serrées de l’impression, comme derrière les barreaux d’une cage, les considérer à leur comptoir, dans leur boutique, dans leur manoir, chevauchant dans leurs chemins de plaine ou de montagne, les suivre dans toutes leurs démarches, calculer tous les mouvemens de leur machine et découvrir le ressort de toutes leurs actions. Seule, l’étude judicieuse des littératures permet à l’investigateur le plus consciencieux de contrôler les impressions souvent plus vives qu’exactes de l’observation directe et d’envelopper dans une vue synthétique