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LES ÉPREUVES
DE LA JEUNE IRLANDE


II[1].

PATRIOTES ET CONSPIRATEURS


New Ireland, by A.-M. Sullivan, 2 vol., London, 1877. — The secret History of the fenian conspiracy, by John Rutherford, 2 vol., London, 1877.

I.

À tout héros, il faut une légende ; seulement, dans notre temps prosaïque, il est assez difficile de s’en créer une de toutes pièces, surtout quand on est, comme James Stephens, le fondateur du fenianisme, fils d’un simple cultivateur. Stephens avait vingt-quatre ans en 1848. À moitié Saxon, à moitié Celte par le sang, il avait pris à l’une de ces races l’énergie, à l’autre la vivacité d’esprit. Quoique élevé dans un milieu protestant, il avait assez vécu parmi les paysans pour comprendre les griefs de la population rurale. Il reçut dès le jeune âge une éducation scientifique. Ses études terminées, il se destinait à la profession d’ingénieur lorsque les événemens le jetèrent dans la politique militante. Nul adepte de la Jeune Irlande ne se montra plus ardent à fonder des clubs dans les provinces du sud ; personne ne fut plus adroit à de jouer la surveillance de la police. Il n’était cependant ni orateur, ni écrivain ; il avait sur-

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1878.