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excéda-t-elle la mesure. Il ouvrit ses portefeuilles, relut ses correspondances, classées à tout événement, et mit l’empereur personnellement en cause. Il protesta contre « les inductions » que ses adversaires entendaient tirer de la lettre impériale du 12 août. Il affirma, ses papiers sous la main, que les communications qu’il avait faites au cabinet de Berlin, au sujet de Mayence et du Palatinat, n’avaient pas eu lieu sans la participation de sa majesté et à son insu, qu’elle les avait lues, corrigées et agréées, et que les demandes de compensation, loin d’avoir été combattues par notre ambassadeur, avaient été au contraire provoquées par lui en termes pressans. Voici du reste le texte même de la protestation de M. Drouyn de Lhuys, telle qu’elle a paru en 1871 dans le livre de M. Pradier-Fodéré :


« Champvallon par Joigny (Yonne), 12 octobre 1876.

« Sire, j’ai l’honneur de vous adresser un numéro de la France, qui publie une lettre attribuée à Votre Majesté par le journal anglais le Globe. Je ne veux pas chercher l’origine de cette singulière confidence, faite à une feuille étrangère, d’une lettre intime de l’empereur à son ministre de l’intérieur. Je ne ferai à ce sujet qu’une simple observation. Cette lettre pourrait prêter à deux inductions mal fondées. Elle semble donner à entendre : 1° Que les communications que je fis à Berlin en août 1866 auraient eu lieu sans la participation et presque à l’insu de Votre Majesté. 2° Que M. Benedetti aurait combattu la pensée de demander à la Prusse des compensations ou des garanties pour la France.

« Or, il résulte de ma correspondance avec Votre Majesté, et des lettres de M. Benedetti, que je relisais encore ce matin, la preuve manifeste :

« 1° Que les instructions envoyées alors à Berlin ont été lues, corrigées et agréées par Votre Majesté.

« 2° Que M. Benedetti, dans quatre lettres écrites à cette même époque, non-seulement approuvait, mais provoquait en termes pressans, une demande de compensations, à laquelle, disait-il, on s’attendait à Berlin, et dont il garantissait le succès, pourvu que notre langage fût net et notre attitude résolue. Il n’a pas tenu à moi que cette condition fût remplie.

« Telle est. Sire, la vérité. Je regretterais qu’elle fût altérée par des commentaires attribuant à Votre Majesté, ainsi qu’à moi, un rôle peu digne de l’un et de l’autre.

« Je suis, Sire, etc., etc.

« Signé : DROUIN DE LHUYS. »


M. Benedetti s’est défendu. J’ai reproduit ses argumens. L’empereur