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M. de Gayffier, conservateur des forêts à l’administration centrale, auquel on doit, outre un magnifique herbier, les photographies des travaux des Alpes. Ce dernier a apporté à l’organisation de cette exposition un goût auquel le public rend hommage par l’empressement qu’il met à visiter le chalet des forêts.

Nous avons dit qu’à l’appui de son exposition l’administration forestière avait fait publier de nombreuses notices; c’est à l’aide de ces documens que nous allons étudier dans son ensemble la production ligneuse de notre pays et les questions diverses qui s’y rattachent.


I.

La superficie boisée en France, depuis la perte de l’Alsace-Lorraine, est de 9,185,310 hectares. Ce chiffre, comparé à celui de la surface totale du pays, qui est de 52,857,310 hectares, représente une proportion de 17,3 pour 100. Un sixième du territoire est ainsi occupé par les forêts, non compris les parcs, les jardins, les vergers, les avenues, les arbres de haies, qui, bien que n’étant pas spécialement affectés à la production du bois, n’en fournissent pas moins chaque année à la consommation une quantité respectable. C’est une proportion inférieure à celle de la moyenne générale de l’Europe, qui s’élève à 29 pour 100. Ces forêts ne sont pas également réparties sur tous les points du territoire, car, bien que la Gaule fût autrefois presque entièrement couverte de bois, des causes multiples ont agi suivant les lieux pour en déterminer la conservation ou en provoquer la destruction. Parmi ces causes, la situation économique des régions et la constitution géologique ou orographique du sol sont celles qui ont eu le plus d’action. En jetant un coup d’œil sur la carte forestière exposée par M. Mathieu, on s’aperçoit que les contrées riches et prospères sont en même temps restées boisées, et que les contrées pauvres, sans agriculture ni industrie, ont aussi perdu leurs forêts. Contrée boisée, contrée prospère; contrée déboisée, contrée pauvre; il est peu d’exceptions à cette règle, qui d’ailleurs s’explique d’elle-même. La culture forestière, loin d’être l’ennemie de la culture agricole, en est la compagne obligée. Outre l’influence qu’elle exerce, au point de vue du régime des eaux, elle fournit des produits dont ni l’agriculture, ni l’industrie, ne peuvent se passer. Partout où ces produits trouvent un placement avantageux, les propriétaires ont intérêt à conserver leurs forêts; partout, au contraire, où les bois sont sans valeur, les forêts disparaissent par les abus du pâturage.

Ainsi, si l’on examine à un point de vue d’ensemble la distribution des forêts sur le territoire, on voit que ce sont les considérations