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prit éclairé par l’exil, et la volonté de rétablir des institutions libérales. N’importe, les meurtriers fanatisés dans les conciliabules des sectes ne s’arrêtent ni devant la jeunesse, ni devant la vieillesse ; ils sont quelquefois eux-mêmes les dupes d’un sinistre esprit d’imitation qui les pousse au crime. Et à quoi aboutissent en fin de compte toutes ces néfastes tentatives ? Elles n’ont le plus souvent d’autre effet que de provoquer d’inévitables réactions.

Les réactions ne servent à rien, c’est vrai, elles ne sont pas un préservatif, on l’a bien des fois éprouvé. Malgré tout, le premier mouvement est toujours de rechercher des moyens de défense, de recourir à des répressions. Les attentats de Hœdel et de Nobiling ont produit en Allemagne la loi contre les socialistes, et les mesures répressives que prend aujourd’hui la police allemande contre les réunions et les journaux, contre tout ce qui peut favoriser les propagandes révolutionnaires. Quelles seront au-delà des Pyrénées les conséquences de l’attentat qui a menacé les jours du roi Alphonse ? Tout dépendra sans doute un peu du caractère du crime, des circonstances dans lesquelles il a été conçu et préparé. Il est assez probable qu’en Espagne aussi les affiliations, les menées révolutionnaires et « internationales » vont être soumises à une surveillance plus sévère. La réunion prochaine des cortès laissera mieux voir la direction de la politique espagnole. Dans tous les cas le gouvernement de Madrid est assez éclairé pour ne pas se laisser aller à de vains effaremens, pour éviter tout ce qui ne serait qu’une réaction inutije, pour chercher sa force et son appui dans les intérêts libéraux qui trouvent eux-mêmes dans la monarchie constitutionnelle représentée par le roi Alphonse XII la plus vraie et la plus efficace des garanties.


CH. DE MAZADE.