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Il s’étend en outre aux enfans qui sont abandonnés et sans tutelle convenable (without proper guardianship), à ceux dont les parens sont en prison, ou qui fréquentent la société des voleurs, enfin à ceux qui méconnaissent l’autorité de leurs parens ou tuteurs, ou qui se montrent insoumis dans une école de workhouse. L’acte de 1866 reconnaît aux magistrats qui constituent la juridiction sommaire le droit d’ordonner que tous ces enfans seront détenus pendant un temps, dont le magistrat fixe la durée, dans une école industrielle certifiée. On voit que les dispositions de cet acte sont très étendues, et on comprend que mis en pratique avec vigueur, comme il l’a été depuis dix ans, il ait considérablement réduit le nombre des petits vagabonds en Angleterre. Ce qui ajoute encore à l’efficacité de cette législation, c’est la simplicité de la procédure. En effet, aux termes de l’acte de 1866, c’est toute personne qui a le droit de conduire devant un magistrat un enfant appartenant à l’une de ces catégories si nombreuses et si indéterminées que je viens d’indiquer. Il est vrai que dans la pratique il est assez rare que ce soit un passant qui se charge de cette mission pénible. Mais pour ne parler que de Londres, où un simple policeman a ce pouvoir et en fait usage, plusieurs sociétés se sont formées en outre pour assurer la mise en vigueur de cet acte, et donnent mission à des employés connus sous le nom de bedeaux des enfans (boys beadle) de ramasser dans les rues de Londres et de conduire devant le magistrat les enfans vagabonds.

Enfin la stricte exécution de l’acte de 1866 a reçu une impulsion nouvelle par l’intervention des bureaux scolaires (school boards) que la loi de 1870 a chargés de veiller au développement de l’enseignement primaire, et par la mise en pratique récente du principe de l’instruction obligatoire qu’a posé la loi de 1876. À Londres en particulier, le school board est activement intervenu dans ces dernières années pour traduire devant les onze magistrats de police qui siègent dans le district de la métropole les enfans vagabonds, et pour faire prononcer leur envoi dans les écoles industrielles, entre autres dans celle de Brentwood, dont le school board de Londres a provoqué la création. Cette extension donnée aux dispositions de l’acte de 1866 et l’interprétation un peu trop large des mots without proper guardianship ont même amené dans ces derniers temps une certaine réaction. On s’est demandé si ce n’était pas un moyen bien énergique d’assurer l’éducation des enfans que de les élever aux frais de l’état, et si, tout en tenant trop peu de compte de l’autorité des parens, on ne tendait pas en même temps à les décharger d’une obligation sacrée. De cette réaction est née la pensée, à laquelle la dernière loi de 1876 sur l’enseignement primaire