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dans la nature, et elle expliquera dans l’avenir un très grand nombre de faits réputés mystérieux aujourd’hui. Les fermens figurés, ces agens si importans de la vie et si peu connus, ont la faculté de tomber en état de vie latente; il en est de même, sans doute, de tout le monde des infusoires ; et dès lors, combien le domaine de la vie latente est étendu !

Au demeurant que prouve la vie latente? Que la vie peut exister eu puissance, sans se manifester par aucun acte ; que les échanges nutritifs nécessaires à ces manifestations peuvent être suspendus, sans que la vie cesse d’être. La vie serait donc quelque chose de supérieur à ces échanges; elle ne serait soumise à la nécessité des mouvemens d’échanges que pour se manifester en actes et en phénomènes, que pour sortir d’une immobile virtualité, mais non pour trouver l’être lui-même et la réalité. L’idée directrice de la vie, pour employer une des expressions familières de Claude Bernard, pourrait subsister, alors même qu’elle sommeille et ne dirige rien.

La vie oscillante est celle dans laquelle l’être vivant est lié au milieu extérieur dans une dépendance tellement étroite que ses manifestations vitales, sans s’éteindre jamais complètement comme dans la vie latente, s’atténuent ou s’exaltent néanmoins dans une très large mesure, lorsque les conditions extérieures varient. La vie oscille dans ces êtres, s’abaissant ou s’élevant, suivant l’action du milieu extérieur. Tous les végétaux sont dans ce cas ; ils sont engourdis pendant l’hiver. La vie n’est pas éteinte en eux; les échanges nutritifs ne sont pas supprimés absolument, mais réduits à un minimum. Lorsque la chaleur reparaît, le mouvement vital s’exalte; la végétation reprend une activité extrême. Dans le règne animal, il se produit des phénomènes analogues. Tous les invertébrés, et, parmi les vertébrés, tous les animaux à sang froid, possèdent une vie oscillante, dépendante du milieu cosmique. Sous l’influence du froid, la vie, chez ces animaux, s’atténue, la respiration et la circulation se ralentissent, les mouvemens deviennent faibles ou nuls. Chez les mammifères, cet état est appelé état d’hibernation. L’œuf, même celui des animaux à sang chaud, offre aussi un exemple de vie oscillante. Le travail évolutif de l’œuf peut être ralenti ou activé suivant les conditions du milieu extérieur. Comment se produit l’engourdissement vital sous l’action du froid, et comment le retour de l’activité vitale s’opère-t-il sous l’action de la chaleur? Par le refroidissement ou le réchauffement du milieu intérieur de l’animal. L’animal à sang froid ou hibernant est privé d’un mécanisme qui maintienne autour des élémens vivans un milieu constant, en dépit des variations atmosphériques. Le milieu intérieur se refroidit ou se réchauffe, et en même temps la vie