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spectacle tout ce que la rue Saint-Denis a de marchands qui se rendent régulièrement à l’Hôtel de Bourgogne pour avoir la première vue de tous les ouvrages qu’on y représente, je me trouvai si à mon aise que… » Avec un esprit ironique et enjoué comme celui de Boursault, j’aurais dû flairer là quelque piège. Je suis d’autant plus inexcusable. de m’y être laissé prendre que je m’étais donné à moi-même un avertissement, il y a de cela une dizaine d’années. Voici ce que je retrouve dans mes notes écrites en juin 1868, lorsque je m’occupais de Boursault en Sorbonne, à propos de Molière et de ses contemporains : — « Ne pas prendre au sérieux les paroles de Boursault sur le marquis de Courboyer. C’est une allusion comique à une tragédie du temps. Voir dans les lettres de Gui Patin la lettre à Falconet, en date du 13 décembre 1669. » Comment ai-je pu ne pas me souvenir de cette note ? Je pourrais dire qu’à dix années de distance, et quelles années ! les mémoires les plus fidèles ont oublié des choses plus importantes ; mais je tiens moins à justifier ma faute qu’à la réparer. Bien plus, je veux en tirer un certain profit pour nos lecteurs. Ces indications que j’avais recueillies en 1868, je n’aurais pu en faire usage dans mon récent travail, alors même que je m’en fusse souvenu à propos, tant elles étaient étrangères à mon sujet, L’erreur que j’ai commise me fournira du moins l’occasion de signaler les curieuses pages de Gui Patin. On sait avec quel soin M. Paul Mesnard a donné une édition définitive de Racine dans cette collection des grands écrivains de la France, si savamment dirigée par M. Ad. Régnier, si richement publiée par la maison Hachette. A propos de Boursault et de l’exécution capitale du marquis de Courboyer, le scrupuleux érudit s’est contenté de renvoyer au Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel en 1861, et assurément, pour le sujet qui l’occupait, il n’avait rien de plus à faire. A ceux qui désireraient des informations plus complètes sur le procès et la mort du marquis de Courboyer, je recommande la lettre de Gui Patin. Si le Journal d’Olivier d’Ormesson fournit des détails circonstanciés sur le fond de l’affaire, la lettre de Gui Patin en donne de très importans sur les émotions dont Paris fut agité pendant les huit jours qui suivirent la condamnation et précédèrent le suppliée. Évidemment, il n’y avait pas là matière à plaisanterie. — Dans l’édition de 1691, la lettre de Gui Patin, la cinq cent troisième du recueil, se trouve an tome III, page 260. Dans l’édition bien plus complète donnée en 1846 par le docteur Réveillé-Parise, elle est la sept cent quatre-vingt-dix-septième et se trouve au tome III, page 720.

Veuillez agréer, etc.

SAINT-RENE TAILLANDIER.