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qu’on le sache, et il le dit lui-même. M. Héreau me reproche d’avoir porté contre lui une nouvelle accusation ; cela me surprend et me fait croire qu’il ne se rend pas 1res bien compte de la valeur des mots : l’accusation n’est pas nouvelle ; elle date du mois de mai 1871 et a reçu la publicité d’un débat contradictoire en mai 1874.

M. Héreau voit dans mon récit des inexactitudes graves et des insinuations odieuses. Il n’y a aucune insinuation ; c’est un mode de procéder qui est peu dans mes habitudes : j’ai dit de M. Héreau ce que j’en voulais dire, rien de plus. M. Héreau s’imagine que je veux égarer l’opinion publique ; à ce sujet je puis le rassurer : l’opinion publique ne s’occupe ni de lui ni de moi, et si M. Héreau n’avait jugé opportun de faire quelque bruit autour de son nom, les lecteurs de la Revue auraient déjà oublié que je l’ai prononcé. Il s’étonne que j’aie dit en parlant de M. O. que reculer devant une bassesse était une mauvaise note aux yeux des hommes qui siégeaient à l’Hôtel de Ville : il est possible que j’aie eu tort de dire cela et qu’aujourd’hui, ce soit une preuve de sentimens élevés d’avoir servi la commune ; au mois de mai 1871, il n’en était pas ainsi. J’ignore si M. Héreau n’avait « accepté les périlleuses fonctions de délégué que pour livrer, lui artiste, à la fois nos admirables collections et les hommes courageux restés à leur poste pour les défendre, » car je n’ai pas dit un mot de cela ; mais je sais qu’une fois installé au Louvre, son premier soin fut de vouloir faire inscrire le mot disparu sur le cadre des deux cent quatre-vingt-treize tableaux qui avaient été transportés à Brest. Cependant il avait dû avoir connaissance de la correspondance échangée à ce sujet entre le conservatoire et la fédération des artistes, à la date du 6 et du 8 mai 1871. C’est là le seul acte grave, le seul acte pervers que je lui reproche. Dans sa récrimination, il glisse légèrement sur ce fait, si légèrement en vérité qu’il n’en dit pas un mot.

Lorsqu’au mois de mars ou d’avril 1874 M. Héreau alla voir M. Barbet de Jouy pour lui demander son témoignage, l’homme éminent qui n’a pas quitté les musées lui répondit : « J’aurais à déposer de faits bien graves. » Ces faits graves, pourquoi M. Héreau me force-t-il, par ses démentis imprudens, à les raconter aujourd’hui ? Pourquoi me contraindre, par des dénégations au moins intempestives, à démontrer devant les lecteurs de la Revue la sincérité modérée de mon travail et la certitude de mes informations ? Je puis dire à M. Héreau qu’il s’est mépris ; il a reconnu des lacunes dans mon récit, et il en a conclu que je m’étais contenté de faire une enquête superficielle ; ces lacunes ont été absolument volontaires : j’ai intentionnellement négligé plus d’un fait ; je n’ai cherché que la vérité moyenne, je n’avais pas voulu dire toute la vérité, et il m’est pénible aujourd’hui, en présence des accusations peu fondées de M. Héreau, d’être obligé de la dire sans restriction.

Pour raconter ce qui s’est passé au Louvre pendant la commune, j’ai