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évitant désormais d’aller à Madrid. Depuis il n’avait été mêlé ni à la révolution qui renversait la reine Isabelle, ni à l’orageuse expérience de la république en Espagne ; et si dans l’interrègne son nom se trouvait parmi ceux des candidats à la couronne, il n’avait rien fait pour encourager ses partisans. Au fond, il gardait un vieil instinct de loyalisme monarchique, et lorsqu’il y a quelques années le jeune roi Alphonse XII, ayant dès son avènement à vaincre une nouvelle insurrection carliste, allait visiter dans sa maison de Logrono l’ancien général de sa mère, celui-ci recevait le jeune prince avec effusion. Alphonse XII, parcourant les provinces du nord, est allé il y a quelques mois à peine revoir Espartero, et c’était le même accueil touchant, attristé par le pressentiment d’une mort prochaine. Cette dernière rencontre affectueuse du vieux chef progressiste qui s’en va et du jeune roi qui entre dans la carrière n’est-elle pas comme une image expressive de l’union nécessaire, désirable, de tous les libéraux espagnols pour la fondation d’une monarchie constitutionnelle sérieuse et durable ?


CH. DE MAZADE.


CORRESPONDANCE.


« A MONSIEUR BULOZ, DIRECTEUR DE LA Revue des Deux Mondes.

« Monsieur,

« Vous voudrez bien me permettre de clore les débats soulevés par M. Maxime Du Camp dans ses articles : « Les Tuileries et le Louvre pendant la commune. » La réfutation de M. Maxime Du Camp en réponse à ma réclamation insérée dans le numéro du 1er décembre dernier de la Revue ne détruit pas les points que j’avais tenu à établir.

« Deux de ses allégations ne doivent cependant pas demeurer sans réponse.

« Le conservateur des musées de peinture aujourd’hui en retraite, qui a relaté l’intention en effet exprimée par moi en sa présence, convient lui-même que la mesure prise en vertu d’une décision du conseil des ministres était discutable.

« Je l’ai discutée, les circonstances y prêtaient si bien que le ministre de l’instruction publique d’alors avait donné des ordres formels pour qu’aucun objet ne quittât désormais nos musées.

« Quant au mot otage, qui prend sous la plume de M. Maxime Du Camp une signification sinistre, non-seulement je le repousse, mais ma conduite au Louvre écarte la possibilité que je l’ai jamais prononcé.

« En abandonnant dans sa réfutation l’expression de « bête fauve, ainsi que les commentaires dont il l’avait aggravée ou atténuée, » M. Maxime Du Camp n’a-t-il pas reconnu qu’il s’était fait légèrement l’éditeur du mot otage ?

« En résumé, si j’ai usurpé à une époque de trouble des fonctions qui ne pouvaient avoir pour moi rien d’agréable, c’est que, fort de mon