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officiers généraux et la plus étonnante valeur des troupes sous mes ordres, il me restait peu de chose à faire pour obtenir les éclatans succès sur la Sieg et les hauteurs d’Altenkirchen ; aussi, par ce même zèle, par cette même valeur et surtout par cet ardent amour pour notre patrie qui nous enflamme tous, j’ose vous promettre que les soldats de Sambre-et-Meuse seront toujours dignes d’eux, toujours dignes des grands exemples qu’ils ont fournis à l’Europe ; et, si des raisons militaires leur prescrivaient parfois un mouvement rétrograde, ils sauront encore lui donner un caractère d’audace qui les a distingués jusqu’ici.

« Recevez, citoyens directeurs, les témoignages de ma plus vive reconnaissance des marques de satisfaction que vous avez bien voulu me donner. »


L’armée de Sambre-et-Meuse ne resta que quelques jours dans ses positions ; Moreau ayant franchi le Rhin le 24 juin à Kehl, Kléber reprit l’offensive, remporta une nouvelle victoire à Friedberg et entra à Francfort, après avoir fait capituler Wartensleben. Chargé momentanément du commandement en chef de l’armée, que Jourdan avait dû abandonner, il poursuit ses succès, s’empare de Bamberg et de Forchheim, et il se proposait de se porter droit vers le Danube ; mais Jourdan, à son retour, n’adopta pas ce plan et crut devoir se conformer aux instructions que Carnot lui envoyait du fond de son cabinet. Compromis par l’arrivée de l’armée de l’archiduc Charles, il fut obligé de battre en retraite après avoir éprouvé plusieurs échecs. À cette nouvelle Kléber, qui s’était retiré à Closter-Ebrach, pour y prendre quelque repos, rejoignit l’armée et écrivit à Jourdan : « Je te préviens, mon cher camarade, qu’arrivé ce soir à Lauf, je compte demain coucher à Sulzbach, et qu’après-demain de bonne heure je serai à Amberg, où j’attendrai, par le retour de l’officier que je t’envoie, des ordres sur la destination que tu voudras bien me donner. »

Replacé à la tête de l’aile gauche, Kléber trouva l’armée dans une situation assez critique, poursuivie sans relâche par l’archiduc Charles. Comme toujours, il paya de sa personne ; mais, à la suite de faux mouvemens que Jourdan lui avait prescrits, il entra contre le général en chef dans une violente colère, et l’accusa d’être la cause de la mauvaise tournure qu’avait prise la campagne. Il désapprouvait cette retraite précipitée et le peu de ménagemens qu’on avait pour la santé et les forces des soldats. Ses observations étant restées sans effet, il se décida à résigner son commandement. L’armée continua sa retraite, pendant laquelle Marceau, qui commandait l’arrière-garde, fut frappé mortellement, et la campagne, qui avait commencé sous de si favorables auspices, se termina par la reprise des anciens cantonnemens (septembre 1796).