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« Comptez sur cette somme, mais comptez surtout sur mon inviolable attachement, fondé sur la plus solide estime. »


Si, comme l’a dit M. Thiers, Desaix s’était trouvé en désaccord avec Kléber sur l’opportunité de l’évacuation, ce n’est pas lui que ce dernier aurait chargé de démontrer au gouvernement la nécessité de cet acte de raison et de vérité.

D’autre part, le général en chef informe en ces termes le gouvernement, qu’il croit toujours aux mains des directeurs, de la conclusion de la convention :


« Vous trouverez ci-jointe la convention relative à l’évacuation de l’Égypte, que je viens de ratifier, et que je viens de renvoyer à mes plénipotentiaires près le grand vizir. J’ai prévu cet événement avant ma sortie du Caire, et déjà, dans mes précédentes, je vous l’ai fait pressentir. De grandes discussions vont s’élever à ce sujet ; mais, si la véracité et la loyauté du général Bonaparte égalent sa haute fortune, je trouverai sans doute en lui le plus intrépide défenseur. Dans le cas contraire, je saurai me défendre de mes propres armes, et j’ose vous prier de suspendre votre jugement jusqu’à ce que j’aie pu me faire entendre… »


Après avoir rappelé toutes les circonstances qui l’ont amené à cette extrémité, il termine en ces termes :


« Cependant, avant de conclure le traité, j’ai voulu connaître l’opinion des officiers généraux présens au camp, et j’ai cru même ne pouvoir terminer une affaire de cette conséquence sans les convoquer en conseil de guerre. Tout y a été discuté lentement et mûrement, et, en commençant par le plus jeune, chacun a émis librement et séparément son. opinion. Vous en trouverez, citoyens directeurs, le résultat dans le procès-verbal ci-joint… »


Le 7 mars, Kléber écrit à Berthier, devenu ministre de la guerre :


« J’ai reçu avant-hier soir vos dépêches des 12, 16 et 19 janvier.

« Je m’attendais à quelques nouvelles instructions, à une assurance positive de secours prochain en hommes et en armes ; au lieu de cela, je ne lis que des promesses vagues de souvenirs.

« Je m’abstiens, citoyen ministre, de vous communiquer les réflexions que cette conduite m’a suggérées, vous le devinerez bien aisément ; je m’abstiens également de vous donner des nouvelles de ce pays-ci : Constantinople paraît trop bien vous servir ; mais ce dont je ne puis m’abstenir, c’est de vous accuser réception de la lettre que vous voulûtes bien m’écrire au moment de votre embarquement pour la France, et, les circonstances n’étant plus les mêmes, je vous engage aujourd’hui à faire connaître au public égaré ce que vous vous proposiez, de peindre avec les couleurs les plus fortes au directoire. »