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LA
MARINE DE L'AVENIR
ET
LA MARINE DES ANCIENS

VI.[1]
LA BATAILLE DES ARGINUSES.


I.

« Belle et brillante Athènes, au front couronné de violettes, » le jour où tu vis repartir Alcibiade avec une armée de quinze cents hoplites, avec cent cinquante chevaux, avec cent trières, tu te promis sans doute de nouveaux triomphes : la république venait de faire un suprême effort et de le faire au moment même où Lacédémone lassée se montrait disposée à demander la paix. Quelle ne fut donc pas ta surprise, quand, au début de l’année suivante, tu appris que ta flotte venait d’être battue ! Dans une seule journée, tu avais perdu vingt-deux vaisseaux! L’ami de Tissapherne aurait-il vendu l’armée qu’on lui a confiée? Ce soupçon peu à peu grossit; les détails transmis de Samos le changent en certitude, — la certitude des masses. — On sait si les masses, quand il s’agit de croire quelque fait monstrueux, ont jamais eu l’habitude d’hésiter. Que s’était-il

  1. Voyez la Revue du 1er août et du 15 décembre 1878, du 1er février, du 15 mars et du 1er mai 1879.