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jour-là même les incendies commencèrent, et l’on prouva de la sorte que l’on voulait « résister crânement. »

De ce qui précède il semble résulter que ces hommes ont cru faire de la réaction et être des conservateurs, parce qu’au lendemain du 18 mars, ou du 2 avril, date de leur premier engagement, c’est-à-dire de leur première défaite, ils n’ont pas massacré les détenus dans les prisons, et livré la ville au pillage. Certains hébertistes y ont pensé, il n’en faut point douter, mais, jusqu’au dernier moment ils ont été tenus en bride par les économistes dont, le groupe comptait des hommes comme lourde et Beslay qui sauvèrent la Banque de France, comme Vermorel qui protégea. Le Mont-de-Piété, comme Vallès, qui s’opposa à l’exécution des otages, et qui espéraient en défendant centaines administrations rendre leur insurrection tolérable. Ils échouèrent, parce que toute révolution penche fatalement vers la violence et y tombe. Ils avaient du reste un intérêt direct et pour ainsi dire personnel à surveiller, à diriger quelques grands établissemens qui pouvaient alimenter le budget aléatoire dont ils nourrissaient tant bien que mal la commune, le comité central, et l’énorme troupe de la fédération. S’il leur semblait insignifiant d’abandonner le palais de la Légion d’honneur aux déprédations de M. et de Mme Eudes, aidés de leur ami Mégy, il leur importait de soustraire l’octroi, le domaine, l’assistance publique, les chemins de fer, les compagnies d’assurance aux rapacités de la basse populace, — de la basse pègre, — communarde. Ils en régularisèrent le pillage ; en un mot, ils l’administrèrent, et c’est en réalité à cela que se bornèrent les actes de conservation dont ils se sont enorgueillis.

A l’octroi, à cette source même de la fortune de Paris, on avait placé un certain Volpénil, dont le nom réel était Bonnin et que quelques indélicatesses, avaient fait sortir malgré Lui des contributions indirectes. Dans ce poste de confiance, on lui adjoignit un serrurier appelé Alphonse David Pichot, ancien pensionnaire d’une maison d’éducation correctionnelle, et qui avait mérité les aiguillettes de capitaine d’état-major en commandant un peloton à cette grande victoire de la place Vendôme que le comité central parvint à remporter sur une manifestation sans armes. Bonnint-Volpénil et Pichot traversèrent l’octroi comme une trombe, purent y ramasser une dizaine de millions, qui furent remis à la délégation des finances, mais dont plusieurs billets de mille francs, si l’on en croit les indiscrétions de la justice militaire et de la justice civile, leur sont restés aux doigts. Aux barrières, aux pataches, on avait conservé quelques préposés de l’administration régulière, qui continuaient leur service afin de ne pas mourir de faim, mais qui paraissent n’avoir eu que peu de déférence pour la commune. Cela du moins