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digne de toutes les sympathies. Comme nous l’avons déjà dit, l’École n’est pas chez elle; elle est simple locataire des bâtimens qu’elle occupe (l’hôtel de Juigné, au Marais), et son bail expire dans cinq ans; on le voit, il est temps d’aviser. La réputation acquise par l’École centrale dans le monde entier, les services incontestables rendus par ses élèves à toutes les branches de notre industrie, permettent d’affirmer que tout sacrifice fait pour lui donner la situation matérielle à laquelle elle a droit sera un bon placement pour l’état comme pour la ville de Paris. Il faut que l’installation définitive de l’École réponde à la valeur de son personnel, à la notoriété des ingénieurs qu’elle forme, et qu’elle puisse supporter la comparaison avec les établissemens analogues qui se sont élevés à l’étranger et qui lui font une sérieuse concurrence. C’est d’abord le célèbre Polytechnicum de Zurich, fondé en 1856, qui compte aujourd’hui près de mille élèves; l’heureux aménagement du vaste édifice dont le canton a doté l’école, et dont la dépense s’est élevée à 6 millions, fait l’admiration des visiteurs. La subvention que le gouvernement fédéral accorde à l’école de Zurich, d’abord fixée à 150,000 francs par an, n’a cessé de s’accroître et atteint aujourd’hui 367,000 francs. Citons ensuite l’École des arts et manufactures et des mines de Liège, fondée en 1837, l’École polytechnique de Dresde, qui date de 1828, l’Institut royal des arts et métiers de Berlin, que dirige M. Reuleaux, les Écoles polytechniques de Vienne, de Munich, de Stuttgart, de Carlsruhe, de Hanovre, d’Aix-la-Chapelle, etc., qui toutes ressemblent plus ou moins, par leur organisation et leurs programmes d’études, à l’École centrale de Paris, et qui disposent en général de ressources considérables. La Russie a l’École impériale technique de Moscou, qui jouit d’un capital inaliénable de 10 millions et dont la recette totale s’élevait en 1877 à 739,000 francs, tandis que les dépendes pour le même exercice ont été de 714,000 fr. Les États-Unis, qui en 1862 n’avaient pas une seule école technique, en ont maintenant plus de trente, dont la dotation dépasse 50 millions. En France même, l’École centrale lyonnaise fonctionne depuis plusieurs années, et l’exemple de Lyon sera bientôt suivi par d’autres villes. En présence de ce grand mouvement, il s’agit pour nous de ne pas rester en arrière après avoir été si longtemps au premier rang.

La question de l’installation définitive de l’École centrale a été agitée en 1874 devant le conseil de perfectionnement; elle a fait l’objet d’un rapport qui a été lu par M. Burat et qui a servi de point de départ à tous les plans élaborés depuis. Deux projets sont en présence : le premier conserve le local actuel, en accroît l’étendue par l’expropriation des immeubles environnons, et procède par reconstructions partielles effectuées sur place; l’autre consiste à déplacer l’École centrale et à la reconstruire d’un seul jet sur le point le plus favorable, avec toutes