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LE
MUSÉE THORVALDSEN
ET
L’EGLISE NOTRE-DAME DE COPENHAGUE

II.[1]
L’ŒUVRE MODERNE ET RELIGIEUSE DE THORVALDSEN


III.

Si Thorvaldsen avait cherché les succès lucratifs, il n’aurait tenu qu’à lui de rajeunir tout l’Olympe, en répétant, au gré des amateurs, chacune de ses plus heureuses créations. Il aurait servi du même coup ses intérêts et ses prédilections helléniques. Mais ce bon sens profond qui accompagne toujours le vrai génie lui montra, au moment même de ses plus beaux triomphes, qu’il ne devait pas s’attarder dans cette voie. Quelque mérite qu’il y ait à reproduire la beauté grecque, ce n’est pas assez, et la société moderne demande autre chose au génie de la statuaire. De l’antique il doit surtout tirer des exemples et des leçons pour traduire l’histoire et les croyances de nos âges. Mieux que pas un de ses contemporains peut-être, Thorvaldsen comprenait cette grande tâche, et s’il ne l’a pas essayée plus tôt, c’est qu’il n’en avait ni l’occasion, ni les moyens. Le sculpteur, beaucoup plus que le peintre, est soumis à son public pour le choix de ses sujets et pour la manière de les interpréter. Le bronze et le marbre coûtent cher, et un artiste ne peut guère les employer sans être à peu près sûr d’avance du succès de son œuvre. Si l’on attend de lui de grandes créations

  1. Voyez la Revue du 1er septembre.