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la chaleur, les machines ne seront pas si délicates. Nous voici en possession d’un vaste local dont les parois sont à la chaleur de nos fours et de nos étuves. Amenons-y un ruisseau, une petite rivière ; elle en ressortira plus chaude que l’eau bouillante et sera une vraie mine de chaleur, comme les précieuses couches de charbon de terre de l’Angleterre et de la Belgique. » On sait que la chaleur des sources de Chaudes-Aigues, dont la température atteint 80 degrés, est utilisée par les habitans pour préparer leurs alimens, nettoyer leur linge et chauffer leurs maisons. « Des conduits en bois, établis dans toutes les rues de la ville, alimentent, au rez-de-chaussée de chaque maison, un réservoir servant de calorifère pendant les journées froides, et dispensant ainsi de foyers et de cheminées. En été, de petites écluses, placées à l’entrée de chaque tuyau d’amenée, arrêtent les eaux chaudes et les rejettent dans le ruisseau qui coule au bas de la ville. Un chimiste, M. Berthier, a calculé que la chaleur fournie journellement par les sources égale celle que produirait la combustion de plus de quatre tonnes et demie de houille ; c’est assez pour donner une température confortable à l’intérieur des maisons et pour chauffer les rues elles-mêmes[1]. »

Depuis que l’épuisement progressif des houillères oblige l’industrie à chercher le précieux combustible à des profondeurs de plus en plus grandes, on s’est occupé de savoir quelle serait la limite extrême des profondeurs accessibles. Le rapport de la commission d’enquête anglaise contient à ce sujet des renseignemens très complets[2]. La seule cause, dit le rapport, qui puisse pratiquement limiter la profondeur des mines, c’est l’élévation de la température. En Angleterre, on rencontre une température sensiblement constante (10 degrés centigrades) jusqu’à 15 mètres environ ; à partir de là, la température augmente en moyenne de 1 degré par 37 mètres, de sorte qu’à 1 kilomètre de profondeur elle atteint la chaleur du sang (37 degrés). Cette chaleur terrestre gêne les exploitations en échauffant l’air que l’on fait circuler à travers la mine ; à une grande distance des puits, cette ventilation artificielle ne procure plus qu’un abaissement insignifiant de la chaleur des galeries. Il faut donc se demander quelle est la plus haute température de l’air où l’homme puisse encore travailler sans danger pour sa santé. Les témoignages recueillis par l’enquête mentionnent des températures vraiment extraordinaires qui auraient été impunément supportées

  1. El. Reclus, la Terre, t. I, p. 239.
  2. Voyez, dans la Revue du 1er octobre 1876, l’étude sur la Production houillère Angleterre et en France.