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rayon de 1,500 kilomètres et amena certainement au jour une masse de 50 milliards de mètres cubes.

Lorsqu’on réfléchit à l’effort épouvantable nécessaire pour soulever et pour projeter au loin de telles masses, il est bien difficile d’admettre que les foyers souterrains qui alimentent les volcans, et dont l’activité se manifeste depuis les époques les plus reculées, puissent n’être que des accumulations locales de matières en fusion ; on conçoit encore moins que la chaleur de ces foyers puisse être le résultat d’actions chimiques qui s’accomplissent au sein de la terre. On ne peut échapper à la nécessité de chercher la cause prochaine des phénomènes volcaniques dans l’existence d’une nappe incandescente continue au-dessous d’une croûte solide d’une faible épaisseur qui peut d’ailleurs varier de 20 à 100 kilomètres. L’objection tirée de la non-coïncidence des éruptions de volcans situés dans une même région disparait, lorsqu’on explique le mécanisme des éruptions par l’intervention plus ou moins fortuite des eaux d’infiltration.

La question se réduit alors à décider si le noyau central sur lequel repose la nappa des laves est lui-même liquide, ou s’il est solide. C’est là un point très controversé, et beaucoup de sagacité a été dépensée pour trancher la question dans l’un ou l’autre sens. L’hypothèse du noyau liquide est celle qui a longtemps prévalu, et elle a toujours beaucoup de partisans. On a objecté qu’un noyau liquide éprouverait des marées qui briseraient à chaque instant sa mince enveloppe et produiraient d’épouvantables cataclysmes. Ampère notamment ne voyait pas comment concilier ces marées avec le calme qui règne à la surface terrestre. « Ceux qui admettent la liquidité du noyau intérieur de la terre, disait-il, paraissent ne pas avoir songé à l’action qu’exercerait la lune sur cette énorme masse liquide, d’où résulteraient des marées analogues à celles de nos mers, mais bien autrement terribles tant par leur étendue que par la densité du liquide. Il est difficile de concevoir comment l’enveloppe de la terre pourrait résister, étant incessamment battue par une espèce de levier hydraulique de 1,400 lieues de longueur. » Aussi s’en tenait-il, avec Davy, à l’hypothèse d’un noyau non oxydé qui devient une source chimique intarissable de chaleur par le contact avec la croûte déjà oxydée. Dans cette manière de voir, un volcan n’est autre chose qu’une fissure permanente, une correspondance continuelle du noyau non oxydé avec les liquides qui surmontent la couche oxydée; toutes les fois qu’a lieu cette pénétration des liquides jusqu’au noyau, il se produit des élévations des terrains par suite de l’augmentation de volume qui résulte de l’oxydation. La chaleur engendrée par ces actions chimiques se propage à la fois vers l’extérieur et vers l’intérieur du globe, et à mesure