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chimique. L’oxygène s’écrit O dans toutes les langues ; l’hydrogène H, le soufre S, etc., et les composés d’oxygène, d’hydrogène et de soufre s’écrivent de la même manière. Il est donc naturel que pour les prescriptions pharmaceutiques on suive les mêmes règles, et ce ne serait sans doute pas un grand effort pour les médecins des divers pays que d’écrire en latin leurs ordonnances avec les quantités indiquées en grammes, centigrammes, etc. On aurait ainsi cet avantage d’avoir une sorte de langue universelle. Si ce rêve de Leibniz et de tant d’autres esprits éminens ne peut pas être réalisé pour la dénomination vulgaire des choses et la pratique de la langue usuelle, au moins peut-on espérer que dans le domaine scientifique cette langue universelle s’établira » La chose serait facile, et les congrès suivans n’auront que peu d’efforts à faire pour terminer l’œuvre de leurs devanciers.

Un autre point qui touche à l’uniformité du système métrique, c’est l’unité de la thermométrie. Depuis plusieurs années déjà, l’étude des variations de température dans les maladies a fait de tels progrès que c’est maintenant une des données les plus positives du diagnostic médical, en sorte que, soit pour reconnaître une maladie, soit pour prévoir une issue heureuse ou funeste, c’est la température du malade qu’il importe de connaître. L’inspection de la courbe de température, — on appelle ainsi la ligne qui sur du papier gradué réunit les chiffres des diverses températures prises jour par jour sur un malade, — permet de voir en un clin d’œil la marche d’une maladie. Or si l’on emploie des thermomètres différens du thermomètre centigrade ordinaire, à savoir les thermomètres Fahrenheit ou Réaumur, on a des résultats qui, comparables d’une manière absolue, ne peuvent en réalité être consultés avec profit qu’après avoir été ramenés à l’unité thermométrique qui est le thermomètre centigrade. Ainsi une observation prise en Angleterre, je suppose, avec le thermomètre Fahrenheit, ne pourra guère servir a un médecin français que s’il a converti les mesures obtenues en chiffres du thermomètre centigrade. Il y a naturellement un peu d’exagération dans ces difficultés, mais de fait, tous ceux qui essaient de lire des livres anglais comprendront bien les obstacles qu’imposent des unités de mesure différentes. Or rien n’est plus facile que de renoncer à toutes ces expressions barbares qui ne répondent plus au système métrique et qui jettent sans aucun profit le trouble dans la lecture des livres de science. Ce serait un bien étroit patriotisme que de se heurter à une routine, parce qu’elle est anglaise, et se refusera un progrès, parce qu’il est français.

Nous n’entreprendrons pas l’énumération des questions scientifiques débattues dans le congrès d’Amsterdam, non plus que le récit des fêtes, concerts, spectacles, festins, qui, après les travaux sérieux, ont diverti les savans étrangers venus à Amsterdam. En effet, quelle que soit la valeur des discussions ou des communications, ce n’est pas dans