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pouvaient s’expliquer par ce qu’elle avait souffert dans les dernières années. Néanmoins le roi et le prince de Hardenberg étaient plus près de partager notre manière de voir et celle du cabinet britannique sur la famille à placer sur le trône de France que de s’associer aux idées romanesques de l’empereur de Russie.

Napoléon, par contre, sentait qu’il ne lui était plus permis de négliger les dernières chances d’accommodement.

La pensée qui me guidait quand je demandais l’ouverture de négociations sérieuses n’était autre que celle qui avait dirigé mes calculs et mon attitude politique depuis le commencement de l’année 1813. Je connaissais trop les sentimens de la masse du peuple français et l’esprit de l’armée française, d’autre part je lisais trop bien dans la pensée de Napoléon pour ne pas voir de grands avantages dans toute tentative d’arrangement, sans risquer d’ajourner le retour d’un meilleur ordre de choses par un accommodement intempestif. J’usai donc de mon influence pour donner suite aux différentes déclarations faites par les puissances à Francfort depuis le commencement de l’année. Je trouvai un appui sincère dans lord Castlereagh dont les vues et les calculs étaient en parfaite harmonie avec mes idées personnelles.

Je fis nommer le comte de Stadion plénipotentiaire de l’Autriche. Les autres cabinets suivirent cet exemple, et leurs chefs restèrent au quartier-général des souverains, à l’exception de lord Castlereagh, celui-ci ne pouvait renoncer à la mission si importante de représenter la Grande-Bretagne à un congrès où l’on discutait les bases de la paix générale.

On ne tarda pas à voir que, malgré les effroyables dangers de sa situation, Napoléon ne songeait pas sérieusement à faire la paix. Ce qui nous prouva avec quelle facilité il se reprenait à espérer, ce fut l’importance extraordinaire qu’il attribua à l’insignifiante journée de Montereau. Le lendemain de cette affaire, il écrivit à l’empereur d’Autriche dans le ton qu’il aurait pu prendre jadis après une de ses grandes victoires. Il eut notamment la faiblesse d’énumérer dans cette lettre les pertes essuyées pas les alliés à Montereau, en poussant l’exagération et la jactance bien plus loin que dans ses fabuleux bulletins d’autrefois.

Les événemens militaires mirent un terme aux conférences de Châtillon.


III. BAR-SUR-AUBE ET DIJON. — ENTREE DES AKKUES A OARUS. — RETABLISSEMENT DES BOURBONS.

A la suite de l’affaire de Montereau, la grande armée autrichienne