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DIDEROT INEDIT
D'APRES LES MANUSCRITS DE L'HERMITAGE

III.[1]
PIECES DE THÉÂTRE, LETTRES ET OPUSCULES. — CONCLUSION.

Œuvres complètes de Diderot, éditées par J. Asaézat et Maurice Tourneux, 20 vol. in-8o, 1875-1877 ; Garnier frères.


I

A mesure que l’on étudie davantage Diderot, on est frappé des emplois si divers et des applications multiples de cette faculté de divination, de ce sens particulièrement intuitif qui le met en rapport d’idées et de sentimens avec le XIXe siècle. Il est à certains égards pour nous un contemporain ; il exprime, par une sorte d’anticipation, l’esprit scientifique des générations qui viendront cent ans après lui, aussi bien que le genre de spéculation où elles semblent se complaire, les idées bonnes et mauvaises, spécieuses ou fausses, qu’elles adoptent avec une prédilection marquée. Il est aussi un cosmopolite. Dans l’ordre de la philosophie, il révèle l’esprit français avec toute sa liberté et son audace à l’Allemagne ; il domine Lessing, il inspire Goethe ; en même temps il est une façon de grand-prêtre du naturalisme qui attire par une sorte de prestige les esprits de notre temps. Dans l’ordre des sciences, il construit de toutes pièces la théorie du transformisme ; il est darwiniste un siècle

  1. Voyez la Revue du 15 octobre et du 1er novembre.