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sarrasin au milieu des bruyères et des ajoncs. Grâce aux travaux d’assainissement qu’on y a entrepris, grâce surtout aux plantations de pins maritimes exécutées sur une grande échelle, la transformation en est aujourd’hui à peu près complète ; le climat est devenu salubre, le sol a été rendu fertile, et le paysage, avec ses bois et ses pièces d’eau, a pris l’aspect d’un véritable parc.

Les départemens de l’Allier, de la Nièvre et du Cher, qui comprennent l’ancien Morvan, sont très pittoresques avec leurs collines boisées et leurs prairies à perte de vue couvertes de bestiaux. Un certain nombre de grands propriétaires exploitant par eux-mêmes leurs domaines ont introduit chez eux les races bovine et ovine les plus perfectionnées et se partagent avec les éleveurs normands les prix dans les concours. C’est à leur exemple, c’est surtout aux efforts de M. le comte de Bouille, président de la société d’agriculture de la Nièvre, qu’on doit la création de la race bovine nivernaise, dérivée de la charolaise, aussi apte au travail qu’à l’engraissement et dont les cultivateurs du nord de la France viennent se disputer les sujets dans les foires du pays. lia culture sur bien des points est encore arriérée, et la production moyenne du blé ne dépasse pas 15 hectolitres par hectare. Les grandes exploitations, c’est-à-dire celles de plus de 40 hectares sont nombreuses, surtout dans les départemens da Cher et de l’Indre ; dans les autres parties, ce sont les petites et les moyennes qui l’emportent. Le faire-valoir direct est peu répandu, puisqu’on ne compte que 88,000 exploitations soumises à ce régime, contre 79,000 soumises à celui du fermage et à 43,000 à celui du métayage.

Les anciennes provinces de la Bretagne, du Poitou, de l’Anjou et une partie du Maine composent la région agricole de l’ouest, dont le climat, à la fois tempéré et humide, permet la culture en pleine terre de plusieurs plantes méridionales comme le chêne vert, le magnolia, le figuier et l’araucaria. Elle est traversée de l’est à l’ouest par une chaîne granitique qu’on appelle l’échine de la Bretagne, et arrosée par la Loire et ses affluens. La presqu’île armoricaine, partout où le sol n’a pas été chaulé, n’a pas d’autre culture que le sarrasin et l’avoine, dont les champs sont épars au milieu des landes, que paissent les petites vaches noires et blanches de ce pays. Dans la vallée de la Loire au contraire, de plantureuses prairies nourrissent des troupeaux de ces beaux bœufs qui sont connus à Paris sous le nom de choletais, tandis que les pâturages de la Mayenne produisent les durham-manceaux si recherchés pour la boucherie. Le Poitou est également un pays d’herbages, auquel les prairies entourées de haies, entrecoupées de ruisseaux, couvertes