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toujours préférable. Ce n’est pas à dire qu’il faille repousser absolument les croisemens, qui peuvent donner d’excellens résultats, à la condition que les animaux qui en sont l’objet aient des affinités communes.

La production des chevaux communs, c’est-à-dire des chevaux de trait, a mieux résisté que celle des chevaux de selle à l’engouement pour le sang anglais, et c’est à cette circonstance que nous devons les belles races que nous possédons. La race flamande, apte au gros trait, est caractérisée par sa taille et sa corpulence ; elle est lymphatique et froide au travail ; mais ce sont des défauts auxquels il est facile de remédier par une nourriture plus substantielle donnée aux poulains. La race boulonnaise, quoique moins élevée, se rapproche de la précédente ; elle a le poitrail large, le corps épais, arrondi et près de terre ; elle joint la force et la vitesse à la docilité ; elle doit être conservée pure de toute alliance, car aucune ne pourrait donner avec elle de produits supérieurs. La race ardennaise a de grandes qualités morales, mais laisse à désirer sous le rapport des formes. La race bretonne commune, d’un caractère doux, dure au travail, est excellente pour les transports qui exigent une certaine vitesse ; elle peut être améliorée par la nourriture et par l’entraînement spécial ; mais elle n’a rien à gagner au croisement anglais. Le cheval percheron pur est surtout un cheval de trait léger ; mais on élève dans les plaines du Perche de nombreux poulains venant de la Bretagne, des Ardennes ou du Boulonnais qu’on revend sous le nom impropre de gros percherons. Cette industrie paraît plus profitable que celle de l’élève de l’ancien percheron, dont la taille est trop petite. On peut encore mentionner parmi les chevaux communs le cheval comtois, qui n’a pas de qualités spéciales, et le cheval poitevin, qui semble avoir une aptitude particulière pour se croiser avec l’âne et produire des mulets. La population chevaline du centre de la France est très mêlée ; elle provient le plus souvent d’étalons importés ; elle ne constitue pas de race distincte et présente les types les plus divers. Il serait nécessaire, pour l’améliorer, de faire un choix judicieux d’animaux reproducteurs et d’imiter partout ce qui se fait depuis plusieurs années dans le département de la Nièvre, où le conseil général met annuellement à la disposition de la société d’agriculture une somme de 10,000 francs destinée à l’introduction d’étalons étrangers. Cette société, sous l’habile direction de M. le comte de Bouille, achète des étalons percherons de premier choix et les revend immédiatement après aux enchères aux éleveurs qui doivent s’engager à les consacrer à la reproduction dans le département pendant six années. Autant que possible, on s’est attaché à avoir des animaux de couleur foncée, comme étant moins sensibles aux mouches, et l’on est arrivé à créer