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boucherie. Doué d’une faculté d’assimilation exceptionnelle, il est d’une grande précocité, et fournit, dès l’âge de trois ans, une viande aussi faite que celle des autres animaux à six ans.

L’aspect de ces magnifiques spécimens fit tomber dans le discrédit nos races indigènes, qu’on voulut améliorer à tout prix par l’infusion d’un sang nouveau, sans se rendre compte que, si le durham convient à l’agriculture perfectionnée de l’Angleterre, puisqu’il exige beaucoup de nourriture, il n’est pas assez rustique pour s’accommoder des privations et des fatigues auxquelles, dans la culture française, le bétail est parfois exposé. De nombreux mécomptes furent le résultat de cet engouement, et il ne fallut rien moins que nos expositions répétées d’animaux reproducteurs et d’animaux gras pour remettre en faveur les races françaises et pour convaincre les éleveurs que le durham et ses croisemens doivent être confinés dans |les régions où ils peuvent en réalité prospérer. Nous en avons quelques-unes dans ce cas, comme le Nivernais, le Maine et l’Anjou, et l’exposition du champ de Mars de 1878 a montré à tous que les produits français de cette race ne le cèdent en rien à ceux de l’Angleterre. Quant aux croisemens, auxquels le durham se prête d’ailleurs admirablement, partout où l’on trouvera avantage à développer la précocité de l’animal au point de vue de la boucherie, il y aura intérêt à les pratiquer, à la condition toutefois d’avoir une nourriture abondante à sa disposition et de s’en tenir aux métis du premier degré ; car il ne faut pas songer à créer ainsi des races nouvelles qui ne vaudraient pas la race pure, tout en étant aussi exigeantes.

Parmi les races françaises de boucherie, il faut mentionner en première ligne la race charolaise, qui, originaire du département de Saône-et-Loire, s’est répandue dans le bassin de la Loire. Grâce aux soins dont elle a été l’objet, surtout dans le département de la Nièvre, elle est devenue aussi apte au travail qu’à l’engraissement, et c’est aujourd’hui avec les grands bœufs blancs du Nivernais que se font en partie les labours des environs de Paris. Comme animaux de boucherie, ils peuvent lutter avec les durham, et dans les concours annuels d’animaux gras on les voit fréquemment l’emporter sur ces derniers. Plusieurs éleveurs ont tenté le croisement du charolais et du durham, mais, comme la conformation du premier ne le cède en rien à celle du second, comme la précocité en est presque aussi grande, il n’y a pas grand bénéfice à tirer de cette opération. La race charolaise peut très facilement se perfectionner encore par elle-même à la condition de choisir avec soin les reproducteurs. Ce que nous avons dit au sujet de l’importance ; d’un studbook pour l’amélioration des chevaux est absolument