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les terrains plats. Pendant longtemps ces instrumens laissaient à désirer au point de vue de la construction ; les pièces qui s’échauffaient ou se cassaient exigeaient des réparations fréquentes et occasionnaient de nombreuses pertes de temps ; mais chaque année de nouveaux perfectionnemens ont peu à peu simplifié les appareils et en ont rendu l’emploi plus facile.

On ne s’en est pas tenu là et l’on s’est ingénié à faire faire automatiquement les travaux qui jusqu’ici semblaient ne pouvoir être exécutés qu’à la main, tel que le liage des gerbes et le bottelage des foins. Jusqu’ici ce sont les constructeurs étrangers, anglais ou américains, qui l’emportent pour la perfection et le bon marché de leurs instrumens ; mais les constructeurs français les suivent de près et s’ils ne les ont pas atteins, c’est uniquement parce qu’ils n’ont pas des fers et des aciers d’aussi bonne qualité. Si ces matières entraient chez nous en franchise, ils pourraient sans aucun doute affronter la concurrence. Le nombre des faucheuses et des moissonneuses employées en France, qui en 1862 était de 18,000, a certainement décuplé depuis lors.

La machine agricole qui s’est le plus répandue depuis un certain nombre d’années est la machine à battre, qui a pour objet de remplacer le fléau dans l’opération de l’égrenage des épis. Ces machines, que tout le monde connaît aujourd’hui, sont simples ou à grand travail, suivant qu’elles comportent seulement le battage des grains, ou qu’elles en effectuent aussi le vannage et le nettoyage. Il y en a de très petit modèle qui, mues par un manège ou une locomobile, peuvent se transporter d’un point à l’autre d’une exploitation et battre en quelques heures, aussitôt après la récolte, les gerbes qui restaient autrefois, en meules pendant de longs jours, attendant que les ouvriers eussent le loisir de se livrer à ce travail. Le cultivateur peut aujourd’hui, grâce à ces instrumens, livrer son blé sans retard et rentrer dans son argent dans le plus court délai. Il en résulte pour lui une grande économie, une meilleure distribution des travaux de la ferme et surtout une notable diminution de déchets. Le nombre des machines à battre, qui, en 1862, dépassait le chiffre de 100,000, est aujourd’hui de 150,000 environ. Un grand nombre d’entre elles sont entre les mains d’entrepreneurs qui vont de ferme en ferme battre les récoltes nouvellement mois sonnées.

Nous avons parlé plus haut des transports à petite distance à faire dans l’intérieur même d’une exploitation, et qui ont Une influence prépondérante sur les frais de production ; il nous reste à dire un mot des transports à grande distance, qui en ont une bien plus grande encore sur les prix de vente des produits. Les