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d’agriculture dans leurs réponses aux questions qui leur ont été posées[1].

Le fait capital qui domine tous les autres et qui à lui seul prouve d’une manière irréfutable l’accroissement de la richesse publique depuis vingt ans, c’est l’importance des déclarations de successions au commencement et à la fin de cette période. Le montant de ces déclarations qui, en 1859, était de 2,443,449,396 francs, s’est élevé, en 1874, à 3,748,918,849 francs. C’est une augmentation de plus de 50 pour 100 sur le chiffre primitif et d’où l’on peut conclure que la richesse du pays a suivi la même progression. La facilité avec laquelle s’acquittent les impôts de toute nature, le produit toujours croissant des contributions indirectes viennent à l’appui de cette appréciation et sont des symptômes évidens d’une aisance toujours plus grande dans la masse de la population.

En nous plaçant au point de vue exclusivement agricole, nous remarquons d’abord que le prix des terres a généralement haussé. ce qu’il faut attribuer, d’une part, à ce que les progrès réalisés ont rendu le sol plus productif ; d’autre part, à ce que, par suite d’une aisance plus grande répandue dans les campagnes, la propriété territoriale a été plus recherchée.

Les fermages ont suivi une marche parallèle et jusque dans ces dernières années, il était rare qu’à chaque renouvellement de bail, le propriétaire ne trouvât pas moyen d’en augmenter le prix. Cette hausse continue, due à ce que jusqu’ici le nombre des demandes de location dépassait celui des terres disponibles, subit aujourd’hui un temps d’arrêt, si même elle n’éprouve un mouvement de recul, dont nous aurons plus tard à déterminer les causes ; mais ce délaissement des fermages, qui d’ailleurs n’est pas particulier à la France, n’entraîne pas pour cela la dépréciation de la propriété, puisqu’ainsi que nous venons de le voir, celle-ci est presque partout recherchée avec passion par des cultivateurs qui l’exploitent par eux-mêmes.

La superficie totale de la France se divise ainsi qu’il suit :


Terres labourables 26,568,621 hectares.
Prairies naturelles 5,021,246 —
Forêts 9,035,376 —
Vignes 2,320,809 —
Pacages et friches 6,546,493 —
Sols non agricoles, (routes, rivières, etc. ) 1,544,018 —
51,036,563 hectares

Il y a vingt ans, l’étendue des friches était de 8,000,000 d’hectares environ, tandis que celle des terres labourables n’était que de 25,000,000. 1,500,000 hectares ont depuis cette époque

  1. Enquête sur la situation de l’agriculture.