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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier 1880.

Lorsque le parlement a pris ses vacances le mois dernier, dans le froid déclin d’une année morose, l’ancien ministère était encore debout, et les votes de confiance ou de miséricorde qu’il venait d’obtenir n’ont pas suffi pour le préserver d’une décomposition immédiate ; il est tombé sous le poids de ses inutiles et embarrassans succès. Au moment où les chambres se réunissent encore cette fois, — elles sont rentrées d’hier, — un ministère nouveau ou reconstitué est au pouvoir ; il est né dans l’intervalle des deux sessions, il existe depuis quelques jours déjà, et pour sa durée, pour son autorité, pour l’efficacité de son action, tout dépend maintenant de l’attitude qu’il va prendre devant le parlement, de l’accueil que les chambres feront à ses premières déclarations.

Quels que soient les actes préliminaires de prise de possession, quelles que soient les intentions présumées et les vraisemblances, il est clair que pour le moment, jusqu’à de plus amples explications, jusqu’à ce que la signification réelle des derniers événemens se dessine, il y a une incertitude assez pénible dans l’opinion et une obscurité assez opaque dans nos affaires. L’obscurité tient d’abord sans doute au caractère même de cette crise récente qui a conduit à une métamorphose ministérielle. Évidemment il y a eu dans tous ces incidens, dans toutes les négociations qui se sont succédé quelque chose d’insaisissable et de singulier. On n’est pas arrivé du premier coup à s’expliquer comment des votes de confiance réitérés pouvaient avoir pour conséquence immédiate la dislocation d’un cabinet, comment un ministère nouveau, pour se reconstituer, était nécessairement conduit à chercher sa force, ses alliances, au delà de la majorité constatée par le scrutin, dans un