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aux intérêts de l’armée, ne puisse pas rester plus d’un an à la tête de l’état-major qu’il dirigeait, et qui vient de passer sous la direction du général Blot. M. le général Davout n’en reste pas moins un de nos plus jeunes et de nos plus brillans chefs militaires, toujours prêt à servir le pays dans le commandement d’une division ou d’un corps d’armée. Ce que nous voulons dire simplement, c’est qu’il n’y a là aucun abus de pouvoir discrétionnaire. M. le général Farre, arrivant pour la première fois à la direction de l’armée, a voulu vraisemblablement choisir ses principaux collaborateurs, associer à ses travaux des hommes connus de lui, initiés à ses idées. Il a procédé d’un seul coup, avec une certaine vivacité ; il n’a rien fait d’extraordinaire, c’était son droit. Seulement il est bien clair que si tout devait consister dans une distribution de hautes fonctions, dans ces déplacemens de personnel, ce ne serait qu’une vaine agitation.

Ces premières mesures ne sont explicables que si elles sont le signe de la résolution d’arriver à des choses plus essentielles, et un de ces changemens mêmes rend immédiatement sensible l’urgence d’une réforme sérieuse. Cet état-major général auquel on vient de toucher encore une fois, n’a été créé qu’il y a quelques années, un peu à l’imitation de l’Allemagne, et dans cette existence de quelques années il a été déjà soumis à des remaniemens incessans compliqués de véritables confusions de services ; il en est déjà à son cinquième ou sixième chef, ce qui révèle aussitôt une idée incertaine et ce qui exclut tout esprit de suite. De toute façon si l’on veut que l’institution soit féconde, qu’elle réponde à la pensée qui en a inspiré la création, il est nécessaire de la reconstituer plus fortement, dans des conditions moins mobiles, avec un caractère plus fixe et plus permanent, avec une sphère d’action et un objet mieux déterminés. Sans cela on risque de tourner toujours dans le même cercle. Et remarquez que ce n’est là encore qu’un détail. La vérité est que M. le ministre de la guerre, s’il le veut, a immensément à faire dans toutes les parties de l’administration de l’armée. Il a beaucoup à faire — et pour résoudre enfin d’une manière moins inefficace cette question des sous-officiers en faveur desquels on n’a su trouver que des mesures demeurées à peu près stériles, et pour remédier à l’anémie presque chronique des effectifs, qui n’ont jamais répondu aux prévisions légales, et pour créer ce qu’on pourrait appeler le nerf actif et vivant de nos défenses, et pour préparer des générations nouvelles d’officiers par la réorganisation de nos écoles militaires. Il reste toujours, pour compléter la reconstitution de nos forces, à obtenir des chamhres un certain nombre de lois sur l’administration de l’année, sur le corps d’état-major, sur l’avancement, et il faut évidemment hâter la solution, — sans oublier toutefois que cela ne suffit pas, que ce ne sont pas les lois qui ont manqué jusqu’ici ; ce qui a manqué