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187 millions à 316 millions. Ces chiffres démontrent que les traités de commerce ont donné à cette branche d’industrie une impulsion considérable ; aussi la suppression des droits sur les laines brutes a-t-elle été plutôt suivie d’une hausse que d’une baisse, à cause de l’activité industrielle qui en a été la conséquence. Du reste, une partie des laines françaises ont des qualités spéciales qui les font rechercher, indépendamment de la concurrence étrangère, dont elles n’ont rien à redouter ; et les prix s’en sont soutenus tant que la mode n’a pas fait abandonner les tissus pour lesquels elles sont propres. Les protectionnistes prétendent, il est vrai, que le prix des laines indigènes aurait été plus élevé encore si la laine étrangère avait été prohibée. Rien n’est moins certain, car c’est précisément le développement des relations internationales qui a activé la fabrication des tissus et accru les besoins de laine brute. S’appuyer sur les avantages résultant des traités de commerce pour en combattre le principe, c’est faire un cercle vicieux et se mettre en contradiction avec soi-même ; Beaucoup d’agriculteurs attribuent au bas prix actuel des laines la diminution du nombre des moutons en France, qui, depuis vingt ans, est tombé de 32 millions à 24. Nous avons exprimé notre sentiment à ce sujet dans la précédente étude : cette diminution n’est point un symptôme de la décadence de l’agriculture, qui dans les dernières années a au contraire fait de sensibles progrès. Elle s’est manifestée également en Angleterre, où on la considère plutôt comme’ un indice favorable. Quoi qu’il en soit, si ceux qui élèvent des moutons en vue de la production de la laine n’y trouvent pas leur compte, il ne tient qu’à eux de s’attacher surtout à faire de la viande, qui jusqu’ici n’a subi aucune baisse. Les éleveurs qui, comme M. de Béhague, se sont livrés à cette spéculation n’ont pas eu lieu de le regretter.

La supériorité de la France pour la production du vin n’est contestée par personne ; aucun pays au monde n’en donne de meilleur ni plus abondamment. La récolte en vin est, comme on sait, très variable d’une année à l’autre ; mais la moyenne qui, pour les dix années antérieures à 1869, était d’environ 30 millions d’hectolitres, s’est élevée pour les dix dernières années à 56 millions. Elle a donc presque doublé depuis les traités de commerce. Malheureusement les ravages du phylloxéra et les intempéries des saisons ont fait pendant les deux dernières années tomber ce chiffre à 40 millions ; sans ces circonstances, aucune branche de l’industrie agricole ne serait plus prospère. Les exportations de vin, qui en 1859 étaient de 2,500,000 hectolitres, se sont élevées en 1873 à 4 millions d’hectolitres représentant une valeur de 300 millions de francs. Les importations ont passé de 145,000 hectolitres à 605,000 valant 25 millions de francs. Pour les alcools, il en a été