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CAUSERIES FLORENTINES

III.[1]
DANTE ET LE CATHOLICISME

Le prince Silvio Canterani n’a pas toujours été l’antiquaire et le pédant pour lequel il se donnait volontiers dans le grand monde romain. Des gens d’un certain âge se souvenaient encore de lui comme d’un brillant attaché de la légation napolitaine (il était sujet mixte des états pontificaux et du royaume des Deux-Siciles) très apprécié autrefois pour son esprit et pour ses manières élégantes dans les diverses capitales de l’Europe où il avait successivement séjourné. Envoyé en dernier lieu à Vienne, vers 1844, comme premier secrétaire, il y conquit rapidement les faveurs de la haute société autrichienne, s’attira même la sympathie toute spéciale du vieux chancelier de cour et d’état, et devint l’hôte familier du Ballplatz. C’est aussi dans les salons célèbres de la princesse de Metternich que le jeune secrétaire de légation fit la connaissance de la belle Olga Galaïef, qui ne tarda pas à devenir la compagne de sa vie. L’opinion générale avait toute raison de proclamer ce mariage parfaitement assorti sous le rapport de la naissance, de la fortune et de la grande position sociale; quant à la religion, les princes Galaïef étaient du petit nombre des illustres familles russes qui, au commencement de ce siècle, et sous l’action d’une certaine coterie occulte, mais très influente alors à Saint-Pétersbourg, avaient embrassé le catholicisme. Il est vrai que ces familles n’osèrent pas

  1. Voyez la Revue du 15 janvier et du 15 février.