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de la banque d’Angleterre, qui constitue l’élément principal, mais essentiellement variable, de cette circulation.

C’est ce caractère de variabilité qui a provoqué tant de critiques. L’encaisse diminue-t-il par suite des causes diverses qui accroissent la circulation intérieure ou l’exportation des métaux précieux, la faculté d’émission diminue proportionnellement. Aussi est-il arrivé que c’est précisément au moment où la faculté d’émission était le plus utile qu’elle s’est trouvée le plus restreinte. Par suite, les prescriptions de la loi de 1844 ont dû être suspendues en 1847, en 1856 et en 1866. M. Haukey, ancien gouverneur de la banque, les a cependant défendues dans un livre remarqué; mais la grande expérience faite en France de 1870 à 1878 d’une circulation fiduciaire qui a été portée à 3 milliards et qui se maintient au-dessus de 2 milliards sans dépréciation, paraît donner raison aux économistes, tels que M. Mac Leod, ou aux banquiers, qui persistent à considérer comme excessives les limites fixées en 1844 aux émissions de la banque d’Angleterre.

Enfin, outre ses fonctions de banque d’escompte, d’avances, de dépôts et de circulation, la banque d’Angleterre administre la dette publique de l’Angleterre, dette qui remonte à l’époque même de la fondation de la banque et dont les accroissemens successifs du capital de la banque ont été les premiers élémens. C’est elle qui paie les intérêts, qui opère les transferts, s’élevant en moyenne à 36,000 par année. Cette administration constitue un département spécial auquel sont affectés deux cents employés. L’état alloue à la banque 5 millions pour tous frais. Le service de la dette comporte par année l’ouverture de 214,000 comptes.

Pendant 117 ans, de 1709 à 1826, il n’a pu se constituer et il n’a existé en Angleterre et dans le pays de Galles aucune autre banque par actions que la banque d’Angleterre. Aussi est-ce pendant cette période que se formèrent et se développèrent les grandes banques privées de Londres et des principales villes anglaises. Elles ne pouvaient avoir plus de six associés ou actionnaires, mais elles possédaient le droit d’émettre des billets de banque. On avait mieux aimé limiter la liberté d’association que celle d’émission. Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, les banques privées de Londres ont dû à la liberté d’émission, échappée au monopole de la banque d’Angleterre, une grande partie de leurs succès. Toutefois, dans la seconde moitié du siècle, elles y renoncèrent et substituèrent le chèque au billet de banque. Dans les comtés et les bourgs, l’usage des émissions de notes fut conservé. On ne saurait contester que l’exercice de la faculté d’émission n’ait amoindri les effets de la restriction de la liberté d’association dans l’organisation des banques. Dans l’histoire de la législation