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LES
ÉTUDES D’ARCHÉOLOGIE CLASSIQUE
DEPUIS WINCKELMANN JUSQU’À NOS JOURS

Handbuch der Archœologie der Kunst. Systematik und Geschichte der Archœologie der Kunst, von Dr Karl Bernhard Stark ; Leipzig, 1880, 1 vol. in-8o.

Au mois d’octobre 1879, l’Allemagne perdait un de ses savans les plus éminens, un de ses professeurs les plus respectés et les plus aimés, Karl Bernhard Stark. J’étais en commerce de lettres avec lui depuis quelques années déjà quand je le rencontrai à Leyde en 1875 ; dans ces fêtes internationales où la Hollande célébrait avec tant d’éclat un glorieux anniversaire, il représentait, avec M. Kuno Fischer, l’université d’Heidelberg[1], où il avait pris, en 1855, la place laissée vide par la retraite de Kreuzer. Nous eûmes plaisir à causer des études qui nous étaient chères et de ces voyages d’Italie et d’Orient que nous avions faits l’un et l’autre ; il m’entretint du grand ouvrage dont il avait déjà formé le plan et qui devait être, dans sa pensée, le couronnement de sa vie et comme son testament scientifique. C’était un nouveau Manuel de l’archéologie de l’art ; le moment lui paraissait venu de recommencer l’œuvre qu’Ottfried Muller avait si brillamment accomplie vers 1830. Dans un cadre semblable à celui que le grand philologue de Goettingue avait tracé d’une main si ferme et si sûre, il fallait distribuer tous les faits qu’avaient révélés, depuis un demi-siècle, tant de voyages hardis et de fouilles heureuses ; il fallait résumer les idées que ces découvertes avaient suggérées aux plus instruits et aux plus intelligens des érudits contemporains. La science archéologique est aujourd’hui bien autrement riche et complexe qu’il y a cinquante

  1. Voir, dans la Revue du 1er mars 1875, le Troisième Centenaire de l’université de Leyde.