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de physique ou. d’histoire naturelle ; le soin de la collection est confié, moyennant une légère indemnité, à l’un des auditeurs du cours, qui fait ainsi fonction de préparateur[1]. Nous sommes loin d’être aussi favorisé à Paris, en pleine Sorbonne ; faute de place, on a dû s’y contenter jusqu’ici de quelques photographies serrées dans des armoires humides et d’un petit nombre de bustes entassés à la poussière sur le dessus de ces mêmes armoires. Pour comble de malheur, le musée de moulages, qui manque à la faculté des lettres, n’existe nulle part ailleurs dans la capitale ; celui de l’École des beaux-arts n’est qu’une réunion de modèles et n’offre même pas un essai de classification historique. N’est-il pas bien difficile, dans de pareilles conditions, de traiter une question d’art avec quelque précision, et de définir par des exemples qui parlent aux yeux le style d’un siècle ou d’une école ?

En visitant le local de ce que l’on appelle à Heidelberg l’Institut archéologique, nous aurions donc risqué de commettre plus d’une fois le péché d’envie ; mais au moment où nous nous préparions à partir pour nous rendre au rendez-vous, une lettre nous annonçait la maladie de notre ami ; quelques jours après, le 12 octobre, les journaux nous apportaient la nouvelle de sa mort. Dès le début, il s’était senti gravement atteint, et ce n’était pas sans un secret déchirement qu’il avait pris congé d’une œuvre qu’il croyait appelée à faire avancer la science. Avant de s’accorder quelque relâche, il avait presque terminé le manuscrit de la première partie ; il permit donc qu’on le publiât, en confiant à une main amie la révision dernière et la correction des épreuves ; mais il exprima le désir que l’on n’essayât pas de continuer et d’achever l’ouvrage sur le plan qu’il avait tracé, dans un programme développé que l’on ne peut relire aujourd’hui sans tristesse.

Ses volontés seront respectées, comme nous en avertit l’éditeur intelligent qui n’avait rien négligé pour donner au manuel toute l’élégance compatible avec la sévérité du sujet. La seconde livraison, qui sera la dernière, vient de paraître ; elle contient la fin du

  1. C’est ainsi que les choses sont réglées dans le Statut de l’Institut archéologique d’Heidelberg.