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qu’ils avaient montrées dans les réunions précédentes ; le clergé, en effet, était mécontent, son attente avait été trompée. Louis XVI avait dû céder aux manifestations de l’opinion, qui se prononçait de plus en plus contre les immunités ecclésiastiques. Ce n’était plus seulement des parlemens que partaient les attaques. Il s’en élevait de plus dangereuses que des arrêts auxquels le recours au conseil d’état donnait au moins la possibilité de résister. Ces nouvelles attaques venaient de la représentation nationale elle-même. L’assemblée des notables avait entendu avec une faveur non déguisée les plaintes dirigées contre les immunités de l’église. On avait présenté à cette réunion un mémoire dans lequel on demandait non-seulement que le clergé fût, comme la noblesse et le tiers état, soumis à l’impôt, mais qu’il le fût encore de la même manière. Les récens édits ne justifiaient que trop les appréhensions du premier ordre du royaume.

La généralité intentionnelle d’expressions dont usait l’édit de 1787, qui établissait la subvention territoriale, avait éveillé de premières inquiétudes chez le clergé et lui donnait à croire que ses biens ne seraient point exempts de l’impôt. Pareille ambiguïté de termes subsistait dans l’édit des deux vingtièmes substitués bientôt à la subvention territoriale. Pour consentir au don qu’on réclamait de lui et qui était de 8 millions de livres, payables en plusieurs termes dans le laps de deux années, à partir du 1er octobre 1788, le clergé voulait avoir des garanties formelles en faveur de son autonomie menacée, de ses immunités contestées, de la puissance spirituelle de l’église mal protégée, et l’assemblée reprit ainsi l’attitude qu’avaient eue jadis quelques-unes de ces diètes ecclésiastiques. Elle se hâta, dès l’ouverture de ses séances, qui eut lieu le 5 mai, d’adopter des résolutions destinées à parer à un péril imminent. L’un de ses présidens, Alexandre de Talleyrand-Périgord, archevêque de Reims, dans un discours, et l’évêque d’Auxerre, Champion de Cicé, frère de l’archevêque de Bordeaux, dans un rapport, qu’ils communiquèrent à leurs collègues, revendiquèrent énergiquement pour l’église le droit de libre vote et de libre département de l’impôt que la circulaire, adressée au nom du roi aux diverses provinces sur les élections à l’assemblée, semblait mettre en question. Un article de cette circulaire avait surtout ému le clergé. Il enjoignait de porter sur les rôles de l’impôt des vingtièmes les revenus appartenant à cet ordre, de façon que, disait l’article, quoique énoncés pour mémoire, on pût cependant connaître la juste proportion de ce que ces biens pourraient payer à raison de leurs revenus par comparaison avec les autres propriétés foncières du royaume, y compris ceux du propre domaine de sa majesté. Les