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REVUE LITTERAIRE

LES THEATRES.

Iphigénie, au Théâtre-Français. — Charlotte Corday, à l’Odéon. — La Moabite, par M. Paul Déroulède[1].

Est-il besoin de déclarer d’abord, avec beaucoup de circonlocutions, qu’on n’aura ni la déloyauté ni le mauvais goût d’établir, entre les trois œuvres dont on vient de transcrire les titres, aucune espèce de comparaison ? Le hasard seul a tout fait. Laissons-nous, pour une fois conduire à son caprice.


I

Après bien du travail, la Comédie-Française vient de nous rendre Iphigénie. De ce chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre de Racine, il n’y a rien à dire, ou presque rien, qui n’ait été dit, vingt fois dit, et bien dit. Entre toutes les tragédies du poète, il n’en est aucune, sauf Andromaque peut-être, qu’on ait accueillie dans sa première nouveauté par de plus vifs applaudissement. Le XVIIIe siècle, d’une voix unanime, l’a mise, au-dessus même de Phèdre, sur le même rang qu’Athalie. Je ne sache guère que Sophie, — la Sophie de Diderot, — qui semble s’être un jour avisée de vouloir se soustraire à l’admiration commune : mais le philosophe ne le lui permit pas et la ramena très éloquemment à l’opinion consacrée. Peut-être avait-il tort de voir en Racine « le plus grand poète

  1. La Moabite, 1 vol. in-32 ; Calmann Lévy.