Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 42.djvu/775

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES
DERNIÈRES ANNÉES
DU
MARÉCHAL DAVOUT


I.

sa vie de famille, ses amitiés et ses haines


Le Maréchal Davout raconté par les siens et par lui-même, par Mme la marquise de Blocqueville. Vol. iii. La Russie et Hambourg. Vol. iv. Un Dernier Commandement, l’Exil et la Mort. Paris, 1880.


Combien elle était sagace, la pratique religieuse de cet ancien qui, toutes les fois qu’il lui arrivait un événement heureux, s’empressait de supplier les dieux de lui envoyer bien vite quelque accident fâcheux qui pût paraître contre-balancer sa fortune propice et conjurer les revanches du mauvais sort ! Rien de plus judicieux que cette prière à quelque point de vue qu’on l’examine. D’abord, sans misanthropie aucune, on peut dire qu’il est bon qu’un homme présente toujours quelque côté où le prochain puisse mordre ; c’est là un fait d’expérience si constant que personne n’y contredira. Un accident fâcheux, pourvu qu’il soit sans trop de gravité, a l’inappréciable avantage de désarmer la malice des ennemis en la satisfaisant. En outre, si tout se paie, comme le disait Napoléon, il faut donc payer son bonheur, et par conséquent, si on peut obtenir de