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LES
LES LIVRES D’ÉTRENNES

Si l’on voulait passer en revue tous les livres que ramène régulièrement la fin de décembre, la place et le temps manqueraient, car ils forment régulièrement, depuis quelques années, une vraie bibliothèque. Il y en a quelques-uns dans le nombre qui disparaîtront avec les circonstances, n’étant vraiment lisibles, et tout au plus, que du 15 décembre au 1er janvier. Il y en a quelques autres qui demeurent et qui sont dignes de demeurer. C’est de ceux-là seulement que nous voudrions dire quelques mots.

Premier Récit des Temps mérovingiens, par Augustin Thierry, avec six dessins de M. J.-P. Laurens. 4 vol. gr. in fo, Hachette.

Tirons d’abord de pair l’un des chefs-d’œuvre assurément de la littérature historique de notre temps, le premier de ces Récits des Temps mérovingiens, où pour la première fois les mœurs de nos farouches ancêtres, jusqu’alors déguisées sous la prose élégante et polie des écrivains du XVIIIe siècle, reparurent enfin dans toute la splendeur de leur barbarie. Les travaux ont pu s’accumuler depuis lors sur cette période obscure, embrouillée, mal connue de notre histoire. Mais si l’on a rectifié quelques dates, quelques faits, et peut-être l’orthographe de quelques noms propres, les récits d’Augustin Thierry n’en demeurent pas moins, par la solidité des dessous, par la justesse en même temps que par la sobriété de la couleur, par l’amour enfin avec lequel on sent que le grand historien a traité son sujet, l’œuvre la plus propre à donner de ces temps lointains l’idée la plus conforme et la sensation la plus