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C’était en effet contre ce point que l’ennemi avait dirigé quatre assauts. Le canon de 18, servi par nos chefs de pièces, avait fait merveille. Les dissidens, repoussés pour la quatrième fois, avaient pu être vigoureusement poursuivis et écharpés dans leur fuite. Quoique pendant plusieurs heures la ville, à l’exception des cerros de l’Hôpital et de la Cruz, où s’étaient réfugiés les défenseurs des barricades, eût appartenu à l’ennemi, les chefs libéraux, Trévino et Lara, n’avaient point pillé, et c’était un fait à noter dans cette guerre.

Dès que la frégate autrichienne la Novara avait apporté la lettre alarmante du capitaine du Colbert, le commandant de la division avait pris aussitôt ses dispositions pour sauver, sinon Tuspan, du moins le peloton de marins français qui s’y trouvait abandonné. Il fit aussitôt partir pour franchir la barre deux canonnières la Pique et la Tactique, tandis que le Forfait appareillait avec 100 matelots blancs du Magellan et 100 noirs du fort Saint-Jean d’Ulloa. Il avait aussi écrit au maréchal que les marins, s’ils descendaient à terre et prenaient la ville, ne pouvaient être en aucune façon destinés à la garder et qu’il était à désirer, pour avoir raison de Papantla, qui mettait sans cesse Tuspan en péril, que le commandant supérieur de Vera-Cruz fit par l’intérieur une expédition d’au moins 500 hommes. Il mettait l’Allier à la disposition du commandant Maréchal. Toutefois cela demandait du temps, et il était plus simple de s’adresser tout de suite au colonel du Pin, qui, s’il était libre, fondrait immédiatement sur Tuspan. Il lui écrivit donc à Tampico de se replier par la lagune sur Tuspan afin de chasser les Mexicains.

La réponse du colonel a le double mérite de peindre l’homme, les circonstances et les illusions volontaires dont on se berçait. « Je voudrais bien opérer avec vos excellens marins, répondait le colonel, mais il n’est pas très facile dans ce moment de quitter le Tamaulipas, qui, malgré les succès supposés des troupes du général Méjia contre Mendez, est dans un état plus difficile que jamais. Ainsi, d’après les derniers rapports, la bande de Mendez est censée détruite et lui-même blessé grièvement. Or voici la vérité pure et simple, comme j’ai l’habitude de la dire : Mendez et Carbajal sont sur le bord de la mer avec cinq cents hommes au moins, à quinze lieues de Soto-la-Marina et trente de moi. Je pars, ils fuiront, mais comme j’ai la cavalerie la mieux montée du Mexique, j’espère pouvoir atteindre quelques-uns des leurs, qui, vous le pensez bien, iront se balancer au bout d’une corde. C’est une économie de cartouches. »

Les secours directs que le commandant Cloué expédia furent heureusement inutiles ; et l’expédition par terre qu’il sollicitait contre