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LES
DERNIERES ANNEES
DU
MARECHAL DAVOUT

II.[1]
LA RUSSIE, HAMBOURG ET 1815.

Le retour de la guerre en 1812, dans les conditions où elle s’ouvrait, n’était guère fait pour diminuer l’état d’âme passablement sombre que nous avons essayé de décrire. Dès le début de la campagne de Russie, Davout semble avoir eu peu d’illusion, ce qui n’est pas pour étonner de la part d’un esprit si clairvoyant. Nous lisons dans une lettre adressée de Thorn à la maréchale, le 13 janvier 1813, presque aussitôt après la fin du désastre : « Je ne veux pas aujourd’hui entrer dans des détails, d’autant plus qu’il y en a quelques-uns qui pourraient t’affliger ; ils te donneraient la preuve que mes pressentimens de tristesse auparavant notre départ se sont réalisés. » Ces lignes semblent assez claires ; gardons-nous cependant d’en exagérer le sens et la portée. Mme la marquise de Blocqueville s’en autorise pour avancer que son père avait été opposé à cette fatale campagne ; nous sommes obligés de lui dire qu’à

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1880.