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avec des capitalistes français, de parvenir à réaliser cet emprunt à 5 pour 100, net de l’impôt sur le revenu, c’est-à-dire aux environs de 86 fr., plus 1 pour 100 de commission pour frais de négociation et frais de transport des espèces. Il n’y a rien à reprendre à ces conditions, qui sont les plus avantageuses que l’Italie ait encore obtenues lorsqu’elle a fait appel au crédit. Sur les 650 millions nets, fournis par l’emprunt, 44 millions en or seraient immédiatement versés à la Banque nationale du royaume en remboursement d’un prêt en même métal qu’elle a fait au trésor et pour lequel il lui est servi un intérêt. Il restera donc 600 millions, c’est-à-dire une somme équivalente aux deux tiers du papier-monnaie gouvernemental en circulation. Cette proportion serait suffisante, si M. Magliani ne proposait de prolonger jusqu’au 31 décembre 1883, c’est-à-dire pendant deux années, le cours légal des 600 millions auxquels il compte ramener l’émission moyenne des six banques. Du coup, la proportion descend des deux tiers aux deux cinquièmes de la circulation en papier.

A mesure que les versemens lui seront faits par les contractans de l’emprunt, le trésor italien retirera de la circulation les billets de 50 centimes, de 1 franc, de 2 francs et de 5 francs qu’il a émis pour une somme de 315 millions. Le surplus du produit de l’emprunt sera appliqué exclusivement au retrait des billets de 100, 250 et 1,000 francs, dont la valeur s’élevait, au 1er octobre dernier, à 330 millions : ils ne pourront être tous retirés à cause du prélèvement qui devra être fait sur l’emprunt pour rembourser la Banque nationale ; il en demeurera donc, après l’épuisement de l’emprunt, pour une valeur d’environ 46 millions. En se fondant sur le chiffre des billets émis jusqu’à la date du 1er octobre 1879, M. Magliani estime qu’il restera encore en circulation, pour le compte de l’état, 340 millions de papier-monnaie se décomposant ainsi : billets de 10 lires, 240 millions et demi ; billets de 20 lires, 50 millions et demi ; billets de 100, 250 et 1,000 lires, 46 millions. Comme il est à croire, d’après l’exemple de ce qui s’est passé dans d’autres pays, qu’un certain nombre de petites coupures ne se présenteront pas au remboursement parce qu’elles auront été perdues ou détruites, les quelques millions qui pourront devenir disponibles seront appliqués au retrait des grosses coupures.

Ainsi M. Magliani ne se propose de retirer que les deux tiers du papier-monnaie du gouvernement ; et il laissera dans la circulation le dernier tiers sous la forme exclusive des coupures intermédiaires, après le retrait des plus faibles et des plus fortes.

Sur les 650 millions, 400 devront être fournis en or, et M. Magliani se donne une peine superflue pour démontrer que cette quantité d’or pourra être réunie sans jeter la perturbation sur les marchés