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LE

SALON DE Mme NECKER

D’APRÈS DES DOCUMENS TIRÉS DES ARCHIVES DE COPPET.

VII[1].

LE SALON DE LA RUE BERGÈRE ET LE SECOND MINISTÈRE.


I.

M. et Mme Necker avaient loué, un peu imprudemment peut-être, leur hôtel de la rue de Cléry ; force leur fut donc, en sortant du contrôle général, de choisir un nouveau logis. Ils s’établirent rue Bergère, et ils y demeurèrent jusqu’à l’époque où M. Necker fut rappelé aux affaires, en 1788. Ces sept années furent peut-être les plus belles de la vie de M. Necker. Arrêté au cours d’une administration heureuse par une disgrâce inexpliquée, toutes les fautes de ses successeurs tournaient à son profit et à sa gloire. Ce n’étaient ni le timide Joly de Fleury, dont on avait chansonné toutes les mesures avec ce refrain :


Si c’est du Fleury,
Ce n’est pas du joli.


ni l’intègre mais incapable d’Ormesson, ni le frivole Calonne, ni l’insignifiant Fourqueux, ni le brouillon Loménie de Brienne, qui pouvaient faire oublier celui dont les actes avaient agi si puissamment sur l’imagination de la France. Sa situation ressemblait à celle qu’avait occupée le duc de Choiseul pendant les dernières années du règne de Louis XV. Il était devenu l’homme vers lequel tous

  1. Voyez la Revue des 1er janvier, 1er mars, 1er avril, 1er juin, 1er août, 15 déc. 1880.