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publics confia l’étude des tracés : dans le Tell aux ingénieurs des ponts et chaussées des départemens dont ils empruntent le territoire ; dans le Sahara algérien, à des missions techniques spéciales ; et dans le grand désert, où l’insécurité ne permet pas le même appareil scientifique, à des expéditions chargées de prendre une vue rapide du pays, qui est presque tout entier inconnu. Nous passerons rapidement sur les travaux de MM. Lebiez et Neveu-Derotrie dans la première de ces zones, parce que les convenances locales auxquels ils répondent ne sont pas de nature à peser beaucoup dans le choix du tracé définitif ; ils ont démontré que, pas plus dans la province de Constantine que dans celle d’Alger, la traversée de l’Atlas ne présente d’obstacle sérieux et qu’on pourra facilement y raccorder le Transsaharien au réseau des chemins de fer déjà existans.

Les études dans les deux autres zones se partagent naturellement en deux faisceaux : un coup d’œil sur la carte suffit pour s’en rendre compte. Adopte-t-on le Haoussa pour but ? le Transsaharien doit passer par le Hoggar et partir, soit de la province de Constantine, soit de la province d’Alger ; la province d’Oran est trop éloignée pour entrer en concurrence. Est-ce le Niger que l’on vise ? alors c’est la province de Constantine qui est trop éloignée à son tour ; la ligne doit passer par le Touat et partir d’Alger ou d’Oran. Il y a par conséquent un tracé oriental et un tracé occidental. Examinons-les l’un après l’autre.

M. Choisy, ingénieur en chef des ponts et chaussées, fut chargé de reconnaître et de comparer deux itinéraires du Sahara algérien, à savoir : 1° entre Laghouat et El-Goleah, une ligne pouvant servir de tête aux deux tracés et aboutir aux régions soudaniennes, soit par le Touat, soit par le Hoggar ; 2° entre Biskra et Ouargla, un tracé destiné à gagner le Haoussa par la vallée de l’Igharghar et le Hoggar. Il emmena avec lui un ingénieur des ponts et chaussées, un ingénieur des mines, un docteur en médecine pour les recherches médicales et anthropologiques, un garde-mines et deux chefs de section du cadre auxiliaire des travaux de l’état. Comme il devait séjourner dans des pays sans eau, il lui fallut un matériel considérable : sa caravane ne comptait pas moins de cent dix chameaux. Un membre des Ouled-Sidi-Cheikh y était incorporé pour la protéger de son prestige dans une région qui est soumise à la domination religieuse de sa famille. La mission quitta Laghouat le 17 janvier 1880, se dirigeant sur El-Goleah, qui est presque sous le même méridien ; elle inclina légèrement vers l’est pour se rapprocher du M’zab, que le chemin de fer ne saurait négliger de desservir. Pendant neuf jours, elle travailla en toute sécurité,