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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier 1881.

Au jour fixé, le parlement s’est de nouveau réuni au Luxembourg et au Palais-Bourbon. M. le président du sénat, en homme d’esprit, s’est plu à ouvrir, par un discours d’une familiarité ingénieuse, et piquante, les travaux de l’assemblée dont il est chargé pour la seconde fois de diriger les débats ; il ne s’est pas défendu d’opposer avec une fine bonhomie le régime tempéré et indulgent du sénat aux habitudes d’une autre assemblée. M. le président de la chambre des députés, élu pour la troisième fois, a prononcé, lui aussi, son discours, un discours plus ample, plus solennel, plus officiel, qui pourrait passer pour un message. M. Gambetta a eu un peu l’air de faire le testament de la chambre, en retraçant à grands traits la carrière qu’elle a parcourue, en lui rappelant aussi ce qui lui reste à voter avant de disparaître, et, dans cet exposé qui touche à la fois à la politique intérieure et à la politique extérieure, il n’a probablement pas introduit sans intention cette déclaration rassurante adressée à l’assemblée : a C’est surtout en ce qui touche le maintien de la paix au dehors qu’on peut dire que votre union avec le gouvernement et le pays a été inaltérable. En dépit d’assertions sans fondement, le monde entier sait que la politique extérieure de la France ne peut cacher ni desseins secrets ni aventures. C’est là une garantie qui tient à la forme même de l’état républicain, où tout dépend de la souveraineté nationale, et d’une démocratie au sein de laquelle la paix extérieure, digne et forte, est à la fois le moyen et le but du progrès à l’intérieur. » Voilà qui est entendu et constaté ! — Ce n’est pas tout : dans un ordre moins officiel, avec moins d’éclat et d’apparat, un ancien procureur général à la cour des comptes, M. Humbert, élu président de la gauche sénatoriale, a fait lui aussi sa manifestation. Il a prononcé un discours qui a son importance comme expression mesurée et réfléchie des opinions, des vues, du système de conduite parlementaire d’un des groupes les plus considérables de la majorité républicaine du sénat.

Ce ne sont donc pas les discours qui manquent à ce début d’une