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l’emploi de l’or seul pour le paiement du principal et des intérêts des rentes émises depuis février 1873 pour une valeur de 592,990,700 dollars et même pour les rentes émises avant la démonétisation de l’argent. » A l’appui de ses recommandations, le ministre faisait valoir le préjudice que la seule présentation du bill avait suffi pour porter au crédit public. Le congrès avait autorisé dans la session précédente l’émission jusqu’à concurrence de 400 millions de dollars d’un emprunt en 4 pour 100 destiné à rembourser les obligations 5 et 6 pour 100 qui arrivaient à échéance en 1878 et 1879. Sur ces 400 millions, 75 devaient, à titre d’essai, être mis à la disposition du public par voie de souscription directe aux caisses du Trésor ; le surplus devait être placé, autant que possible, en Europe par l’entremise de banquiers. Le Trésor avait écoulé sans peine la première partie de l’emprunt, mais pour le reste, les ventes s’étaient arrêtées, le ministre appréhendait de voir retirer les propositions qu’il avait reçues, et il avait sujet de craindre que les détenteurs des fonds américains en Europe ne les fissent vendre aux États-Unis pour se mettre à l’abri d’une législation préjudiciable à leurs intérêts.

Les états riverains de l’Atlantique qui servent d’intermédiaires commerciaux entre la vallée du Mississipi et l’Europe n’étaient pas Atteints moins directement dans leurs intérêts que les créanciers de la confédération. Ils allaient être contraints d’accepter en argent le remboursement de marchandises livrées ou de crédits ouverts en vue d’un remboursement en or ; et vis-à-vis de leurs créanciers étrangers, à qui ils ne pourraient imposer la même obligation, ils seraient tenus de s’acquitter en or ou de subir sur le prix des marchandises une augmentation correspondante à la dépréciation de l’argent. Les intérêts menacés se défendirent énergiquement. Les banques de New-York furent les premières à se concerter et à prendre l’engagement réciproque de ne plus faire de prêts, de ne plus ouvrir de crédits, de ne plus livrer de marchandises aux gens de l’Ouest, sans insérer dans le contrat à intervenir l’obligation expresse de payer tout en or. La ville de Chicago dans l’Illinois, la ville de Cleveland dans l’Ohio, d’autres villes de l’Ouest, qui avaient besoin d’argent, essayeront vainement de négocier des emprunts sur la place de New-York : elles ne purent réussir à trouver prêteurs, même en offrant un intérêt de 7 et 8 pour 100. Une réunion générale de tous les établissemens de crédit, de toutes les compagnies d’assurance, de toutes les caisses d’épargne, en un mot de tous les établissemens qui avaient des capitaux à placer, fut convoquée à New-York pour nommer un comité chargé de rédiger un mémoire qui serait présenté au président et au congrès. Ce mémoire reçut l’adhésion