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CORRESPONDANCE
DE
GEORGE SAND

I.
1815-1830.

Pressé par quelques amis de ma mère de rassembler ses lettres et de les livrer à la publicité, j’ai d’abord, hésité, je l’avoue. Ce travail était par trop pénible pour moi au lendemain de sa mort. Cette séparation a été tellement imprévue, tellement brutale qu’il m’a fallu quatre ans pour me remettre de ce coup terrible.

George Sand n’était pas seulement ma mère, elle était encore ma meilleure amie. Je la chérissais en fils dévoué, je l’adorais comme la meilleure des femmes, et je l’admirais comme l’un des plus grands génies de notre siècle. .

Je dois à sa mémoire de la faire connaître telle qu’elle était et j’ai cru de mon devoir de ne rien changer aux lettres qui vont être publiées. Les jeunes générations qui n’ont pas connu George Sand pourront la juger d’après elle-même et ne s’en rapporteront plus à de fausses appréciations de ses contemporains, qui l’ont parfois présentée au point de vue légendaire et fantaisiste, ou même calomnieux.

Si, parmi ces contemporains qui vivent encore, j’ai rencontré chez quelques-uns des oppositions et des refus de me faire part de leurs lettres, je dois, en revanche, remercier le plus grand nombre de nos amis communs qui m’ont prouvé leur confiance en me livrant