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UN
HOMME D'ETAT RUSSE
D'APRES SA CORRESPONDANCE INEDITE

VI.[1].
LES LOIS AGRAIRES DE POLOGNE ET LES DERNIÈRES ANNÉES DE N. MILUTINE.


I

Une fois acceptés par l’empereur et formulés en ukases, les projets du triumvirat Milutine, Tcherkasski, Samarine devaient être mis à exécution ; avec la sourde hostilité de la haute administration à Pétersbourg et à Varsovie, ce n’était pas là le plus aisé. En Russie plus que partout ailleurs, ce n’est pas tout de légiférer : les lois changent parfois singulièrement de caractère en passant dans la pratique. N. Milutine le savait mieux que personne, lui qui n’avait jamais pu se consoler de n’avoir point présidé à l’application de la charte d’affranchissement en Russie. Dans le royaume de Pologne, où toutes les classes cultivées étaient unanimement opposées aux nouveaux ukases, qu’elles dénonçaient comme une spoliation, les difficultés morales et matérielles de l’exécution étaient

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 octobre, 1er et 15 novembre et 1er décembre 1880. Nous nous permettrons d’informer le lecteur que la censure russe a entièrement coupé tous les articles précédons sur Milutine et interdit aux journaux d’en faire aucune mention.