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les poussières plus lourdes tombent au fond, comme l’acide carbonique. Le danger du grisou est en haut, celui des poussières en bas. Ces deux agens de malheur se complètent mutuellement ; mais c’est aussi par là que l’on distingue leurs coups : le grisou frappe à la tête, les poussières aux pieds.

Chose remarquable, le danger des poussières a été ignoré jusqu’en 1844 ; c’est à la suite d’une explosion arrivée à Haswell que Faraday et Lyell, chargés d’une enquête administrative, commencent à soupçonner la vérité. En parcourant les travaux après le sinistre, ils remarquèrent sur les bois, sur le sol, sur toutes les parois placées en regard de l’explosion une couche de poussière agglutinée, friable, mais adhérente, ressemblant à du coke ; elle avait un pouce d’épaisseur au foyer de l’accident ; elle diminuait avec la distance, mais s’étendait dans toute la partie visitée par l’explosion. C’était la seule trace laissée par le coup de feu ; c’était assez pour en deviner les causes. Avec une sagacité qu’on ne peut trop admirer, les deux savans n’hésitent point à admettre que des poussières ont été soulevées, qu’elles ont été portées à l’incandescence, qu’elles ont pour une large part contribué au sinistre et augmenté sa gravité, puis, qu’après s’être incomplètement brûlées, elles sont retombées encore chaudes sur les parois en s’y agglutinant. Cette explication a posteriori, cette reconstitution d’un phénomène par les traces qu’il a laissées était inconnue en France quand, en 1855, M. du Souich arriva par les mêmes observations à une conclusion identique. Après un coup de feu survenu à Firminy, « on pouvait, dit le rapport, recueillir en divers points sur les buttes une sorte de croûte composée d’un coke léger qui ne peut provenir que de la poussière de nouille balayée dans les chantiers et sur le sol des galeries et transportée au loin par le courant d’une extrême violence que produit l’explosion. Cette poussière se trouvant elle-même en partie enflammée peut continuer les effets du grisou en les portant au loin… »

Il suffit souvent d’une observation révélatrice pour réveiller le souvenir de faits antérieurs qui la confirment, quoique leur signification n’ait point été tout d’abord aperçue. Telle est celle qui nous occupe. Partout on s’est rappelé qu’à la suite des explosions, on avait reconnu les mêmes dépôts de coke, agglutiné, et cette circonstance devint et reste aujourd’hui le caractère assuré et la preuve indéniable des accidens produits par la même cause. Arrêtons-nous un instant sur ce point pour en compléter l’étude.

La houille n’est point du charbon pur ; elle recèle une grande quantité de carbures d’hydrogène qui se liquéfient et ramollissent la masse quand on la chauffe. Ils se décomposent et donnent du