Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 43.djvu/944

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puits d’entrée et de sortie, réunis à leur base par toute la longueur des galeries, constituent un immense vase communiquant. Si les températures étaient égales des deux côtés, il n’y aurait aucune raison pour qu’un appel d’air se produisît ; mais si l’un des puits est plus échauffé que l’autre, le gaz y est plus léger, il y monte, entraîne à sa suite celui des galeries et force l’air atmosphérique à descendre par l’autre ouverture. Or cela aura presque toujours lieu si les deux puits débouchent à des hauteurs inégales, l’un sur une colline, l’autre dans une vallée. En général, la colonne de gaz qui aboutit à la colline est la plus chaude et aspire, mais il arrive aussi que, pendant l’été, l’air de la vallée prend une température supérieure, et alors le courant de ventilation change de sens. Au moment où ce changement se fait, tout mouvement cesse ; ce moment peut durer longtemps, et il est précédé et suivi par des périodes de ralentissement dont on s’aperçoit aussitôt dans les galeries par des difficultés de respiration, par des sueurs abondantes, par des défaillances et une diminution de travail. On a cherché à régulariser et à augmenter cet appel de l’air en surmontant les puits de sortie par des cheminées, mais tous ces essais sont demeurés insuffisans ; il faut avoir recours à des procédés plus efficaces, tout en faisant concorder le sens du courant d’air artificiel avec celui que donnerait le plus habituellement l’aérage naturel.

Le deuxième procédé consiste à activer le courant d’air par un échauffement artificiel de la colonne d’air au puits de retour. Les anciens ingénieurs y descendaient des fourneaux appelés toque-feux : c’était un danger d’incendie évident. Aujourd’hui les Anglais disposent à la base du puits de retour un foyer considérable, fermé de toutes parts (dumb furnaces) de façon que l’air intérieur qu’on veut aspirer ne puisse jamais être mis en contact avec le feu et s’y allumer. Le foyer est entretenu par un tuyau descendant qui lui apporte l’air extérieur, et la fumée s’échappe à travers une conduite métallique inclinée qui débouche dans le puits, quand déjà elle est sans flamme et refroidie. Les houillères anglaises du Durham et du Northumberland emploient avec succès ce système qui a le double avantage de coûter peu, puisque le charbon se trouve sur place, de n’exiger aucun organe mécanique de prix élevé et de provoquer une très active circulation. Il faut toutefois se prémunir contre une inflammation possible des gaz détonans, et fermer avec le plus grand soin tout orifice de communication, si petit qu’il soit, entre eux et le foyer.

Enfin, les houillères belges et françaises emploient généralement des ventilateurs ; ce sont des roues tournantes munies de palettes qui